Monday, February 28, 2005

Les bienfaits de la colonisation

Coloniser, Exterminer
(...) J'ai souvent entendu [...] des hommes que je respecte, mais que je n'approuve pas, trouver mauvais qu'on brûlât les moissons, qu'on vidât les silos et enfin qu'on s'emparât des hommes sans armes, des femmes et des enfants. Ce sont là, suivant moi, des nécessités fâcheuses, mais auxquelles tout peuple qui voudra faire la guerre aux Arabes sera obligé de se soumettre. [...] On ne détruira la puissance d'Abd el-Kader qu'en rendant la position des tribus qui adhèrent à lui tellement insupportable qu'elles l'abandonnent. Ceci est une vérité évidente. Il faut s'y conformer ou abandonner la partie. Pour moi, je pense que tous les moyens de désoler les tribus doivent être employés. Je n'excepte que ceux que l'humanité et le droit des nations réprouvent. » Quels sont donc ces moyens réputés conformes aux sensibilités de saison et au jus belli ? Le premier est l'«interdiction du commerce»; le second, le «ravage du pays». Et, pour conclure, cette personnalité, alors membre de l'Académie des sciences morales et politiques, et qui deviendra ministre des Affaires étrangères de la Deuxième République, ajoute : « Je crois de la plus haute importance de ne laisser subsister ou s'élever aucune ville dans les domaines d'Abd el-Kader» et de «détruire tout ce qui ressemble à une agrégation permanente de population (...)
Alexis de Tocque-ville, dans un rapport officiel présenté à l'Assemblée nationale en 1847.

(...) [Donc] ces passages n'ont pas pour auteur un député extrémiste et marginal s'exprimant dans un journal local et confidentiel. Au contraire, beaucoup de ses contemporains, les nôtres plus encore, tiennent ce parlementaire-écrivain renommé pour un modèle de tempérance qui n'a cessé de plaider, dit-on, en faveur de l'égalité et des libertés politiques, en un mot, pour la démocratie. (...)
Olivier le Cour Grandmaison. Coloniser. Exterminer. Fayard 2005

(...) Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures.[...]
Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l'histoire des siècles précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l'esclavage dans l'Amérique centrale, ils n'accomplissaient pas leur devoir d'hommes de race supérieure. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s'acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation. (...)

Jules Ferry, devant les députés le 28 mars 1885.

Un aperçu des bienfaits

(...) Il faut se résigner à refouler au loin, à exterminer même la population indigène. Le ravage, l’incendie, la ruine de l’agriculture sont peut-être les seuls moyens d’établir solidement notre domination(...)
Etienne Gérard, Maréchal de France, ministre de la Guerre sous Louis-Philippe déclarait en 1832.

(...) Nous avons réuni au Domaine les biens des fondations pieuses ; nous avons séquestré ceux d’une classe d’habitants que nous avions promis de respecter ; nous avons commencé l’exercice de notre puissance par une exaction (un emprunt forcé de 100 000 FF) ; nous nous sommes emparés des propriétés privées sans indemnité aucune et le plus souvent, nous avons été jusqu’à contraindre des propriétaires expropriés de cette manière à payer les frais de démolition de leurs maisons et même d’une mosquée... Nous avons massacré des gens porteurs de sauf conduits, égorgé sur un soupçon des populations entières...(...)
Rapport de la commission d’enquête parlementaire envoyée en Algérie en1833

(...) Nous tirons peu de coups de fusil, nous brûlons les douars, tous les villages, toutes les cahutes...(...)
Saint-Arnaud 5 avril 1842

(...) Apportez des têtes, des têtes ! Bouchez les conduites d’eau crevées avec la tête du premier bédouin que vous rencontrerez (...)
Duc de Rovigo

(...) Selon moi, toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé sans distinction d’âge ni de sexe... L’herbe ne doit plus pousser là où l’armée française a mis le pied (...)
Le colonel de Montagnac.

Formidable coordination

Je suis "admiratif" de voir à quel point la politique américaine et israèlienne concernant le Moyent-Orient sont coordonnées et synchronisées. C'est à se demander si vraiment ils constitutent deux pays distincts tellement ils sont en symbiose. Un petit doute ?
Il y a deux ans ou plus, c'était Saddam Hussein et l'Irak qui aurait été accusé de soutenir les palestiniens dans leurs attentats.

(...) if I knew it was possible to save all children of Germany by their transfer to England and only half of them by transferring them to the Land of Israel, I would choose the latter...(...)
[Si je savais qu'il est possible de sauver tous les enfants [juifs] d'Allemagne en les transférant en Angleterre et sauver seulement la moitiée de ces enfants en les transférant sur la terre d'Israèl, je choisirais la seconde solution].
David Ben Gourion en 1938. Cité dans "Israel's Culture of Martyrdom" ( La culture de martyr d'Israèl ).
Et ce n'est pas que des paroles. En hiver 1945, les leaders sionnistes se sont opposé au transfert de 1000 enfants juifs orphelins en Angleterre alors que tout était prêt pour les acceuillir. Ils se sont aussi oppposé au tranfert de 500 enfants en France. Préférant les laisser souffrir de froid et de faim dans les camps en Allemagne.

Friday, February 25, 2005

( intermède )

Edwy Plenel.
Editorial du Monde 2.
Titre : "La fracture coloniale."
Oh ! Il a lu mon blog ?
Je vais vraiment être un very very big V.I.B.
Déception.
(Pas vraiment - ce n'est pas grave de ne pas être VIB)
Ca parle de Dieudonné.
De colonial rien.
Deux occurences du mot colonial dans le texte, dont un dans le titre.
J'ai dit "rien de colonial" ? Pas vrai.
Tout est colonial dans cet éditorial.
Cette façon d'utiliser un mot chargé de sens pour le réduire à rien.
Ca, c'est colonial.

Il a de la "chance" Dieudonné.
Il a été l'objet de deux éditoriaux du Monde cette semaine.

On agite bien les chiffons rouges.

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Voilà pourquoi je ne regarde pas Fogiel.
(Je regarde pas souvent Schneiderman, non plus. Mais ça lui arrive de faire mouche)

Thursday, February 24, 2005

Pendant ce temps

C'est terrible la langue de bois. Mais dans certaines circonstances, ça frise l'obcénité. Tous les hommes politiques et intellectuels ne ratent pas une occasion de parler du devoir de mémoire quand aux tragédies du colonialisme, de l'esclavage, des progroms, etc...Mais à croire ils ont la mémoire bien courte.

Le négationnisme colonial ( Janvier 2005)

C'est sous ce titre d'un chercheur-historien, Olivier Le Cour Grandmaison*, a publié un article ( passé largement inaperçu ) dans le Monde le 01/02/2005. Il y dénonce ce qu'il appelle donc le "négationisme colonial" qui "prospère allègrement" selon ses mots :

(...) Mercredi 5 mars 2003. Conformément aux règles de la procédure législative, la présidence de l'Assemblée nationale enregistre ce jour-là la proposition de loi n° 667 déposée par de nombreux députés. Parmi eux se trouve Philippe Douste-Blazy, aujourd'hui ministre de la santé.

Les attendus de cette loi, comme le texte lui-même, sont brefs ; ils sont ainsi rédigés : "L'histoire de la présence française en Algérie se déroule entre deux conflits : la conquête coloniale, de 1840 à 1847, et la guerre d'indépendance qui s'est terminée par les accords d'Evian en 1962. Pendant cette période, la République a cependant apporté sur la terre d'Algérie son savoir-faire scientifique, technique et administratif, sa culture et sa langue, et beaucoup d'hommes et de femmes, souvent de condition modeste, venus de toute l'Europe et de toutes confessions, ont fondé des familles sur ce qui était alors un département français. C'est en grande partie grâce à leur courage et leur goût d'entreprendre que le pays s'est développé. C'est pourquoi (...) il nous paraît souhaitable et juste que la représentation nationale reconnaisse l'œuvre de la plupart de ces hommes et de ces femmes qui par leur travail et leurs efforts, et quelquefois au prix de leur vie, ont représenté pendant plus d'un siècle la France de l'autre côté de la Méditerranée."

Suit l'article unique de cette proposition de loi, présenté par Jean Leonetti, député UMP des Alpes-Maritimes : "L'œuvre positive de l'ensemble de nos concitoyens qui ont vécu en Algérie pendant la période de la présence française est publiquement reconnue." Sereinement exprimé au cœur des institutions par des parlementaires sûrs de leur fait et de leur bon droit, ce stupéfiant négationnisme soutient une histoire édifiante que les signataires de ce texte voudraient, en plus, sanctionner par un vote pour en faire une "vérité" officielle engageant la nation et l'Etat.(...)

Je reconnais que cela m'a fait un choc. Pour la seconde fois. J'étais tombé sur cette proposition de loi (allez-y voir si vous y trouvez votre député) il y a à peu près une année et j'avais trouvé ça d'une obcénité sans pareil. Vouloir nier ainsi des massacres collectifs, des millions de morts, des expropriations, le maintien de populations entières dans des statuts de sous-hommes, c'est une insulte à l'être humain. Mais comme je n'avais pas vu ou lu quoi que ce soit sur cette proposition de loi, je m'étais dit que c'était tellement abberrant qu'elle avait été oubliée, que ces promotteurs avaient eu la décence de la retirer. Quelle fût donc mon étonnement et ma colère en voyant qu'il n'en était rien.
Il parait même que sauf embûches de dernière minute qu'elle va être adoptée prochainement.

Voilà que le discours de hommes politiques ne suit pas leurs actes. On sait que c'est toujours le cas. Mais tranformer l'aventure coloniale en mission de bienfaisance ce n'est ni plus ni moins qu'un négationisme honteux et un crime contre l'histoire de l'humanité :

(...)Oubliés donc les centaines de milliers de morts, civils pour la plupart, tués par les colonnes infernales de Bugeaud et de ses successeurs entre 1840 et 1881, entraînant une dépopulation aussi brutale que spectaculaire au terme de laquelle près de 900 000 "indigènes", comme on disait alors, disparurent. Oubliées les razzias meurtrières et systématiques, et les spoliations de masse destinées à offrir aux colons venus de métropole les meilleures terres. Oublié le code de l'indigénat, ce monument du racisme d'Etat, adopté le 28 juin 1881 par la IIIe République pour sanctionner, sur la base de critères raciaux et cultuels, les "Arabes" soumis à une justice d'exception, expéditive et dérogatoire enfin à tous les principes reconnus par les institutions et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Oubliés les massacres de Sétif et Guelma perpétrés, le 8 mai 1945, par l'armée française avec le soutien de l'ensemble des forces partisanes de l'époque, Parti communiste compris, le jour même où le pays fêtait dans l'allégresse sa libération. Oubliés les 500 000 morts, les 3 000 disparus - ce dernier chiffre est équivalent à celui des desaparecidos victimes de la dictature du général Pinochet - et les milliers de torturés de la dernière guerre d'Algérie.(...)

Alors, je me pose plein de questions ( j'aime bien me poser des questions ) :

Est-ce qu'une proposition de loi sur les "bienfaits" du stalinisme passerait ?

Est ce que une proposition de loi sur les "bienfaits" du nazisme déposée par le FN passerait ? On a vu ce que ses déclarations sur la prétendue "occupation allemande de la France pas si inhumaine que ça" a déclenché?

Même, sans aller trop loin, est-ce qu'un proposition de loi sur les "bienfaits" de l'existence du FN, qui pourtant n'est responsable d'auncun crime collectif, d'aucun génocide, ni de massacres, passerait ?

Je mettrais ma main au feu, que parmi les députés porteurs de ce projet de loi, il y en a qui portent aussi le projet de loi ( ou c'est déjà une loi votée je crois ) dénonçant le génocide arménien. Oui, les arméniens ont été tués par des turcs et musulmans, pas par des colons européens civilisateurs ( sic )

*Olivier Le Cour Grandmaison enseigne à l'université d'Evry-Val-d'Essonne et au Collège internationnal de philosophie.

Wednesday, February 23, 2005

Pourtant

Après le devoir de mémoire ( Janvier 2005 )

(…) Mais force est de constater que l'événement [ 60e anniversaire de la libération d’Auchwitz] a pris plus de relief encore en France, où ce type de célébrations est fort prisé, d'autant qu'elles produisent du consensus et sont, par là, susceptibles de renforcer l'unité nationale ou, mieux, l'identité nationale.(…)

(…) Les survivants, quant à eux, se sont distingués par une parole de la souffrance ne trouvant pas toujours ses mots, soixante ans après, par une immense dignité, et ont parfois jeté un regard d'adieu distancié sur tout cela, faisant contraste avec l'agitation qui se déployait autour d'eux. Il est à espérer que cette profusion de films, d'interviews, de déclarations, de photos et d'articles aura informé les Français sur ce qui s'est passé. Tel en était, en principe, le but. Cette commémoration n'en a pas moins été immanquablement marquée par le suivisme médiatique caractéristique du règne de l'information. Quitte à ce que le déferlement d'images frise le voyeurisme (…)

(…) L'excès d'information génère aussi sélection et oubli. La répétition incessante sous diverses formes de la même information ne risquait-elle pas de manquer son véritable objectif ? De provoquer chez certains de l'indifférence ou de fragiliser l'empathie ?(…)

(…) Savoir si le génocide des juifs était unique ou non ne nous fait pas avancer sur la voie de la sensibilisation accrue des humains à l'inhumain. Et la responsabilité qui nous incombe en tant qu'humains est d'élever la voix, d'agir contre toute discrimination, racisme, antisémitisme, sexisme, abus, injustice flagrante, massacre, et, avant tout, d'éviter leur banalisation.(…)

(…) … il est urgent de se défaire du devoir de mémoire, pour que la mémoire et l'histoire forment un tout, dans un contexte où d'autres génocides trouveront eux aussi leur place, où celui des juifs, débarrassé de son statut sacral, pourra être expliqué et accéder à l'entendement humain. L'effort d'explication et d'intelligence de l'événement n'amoindrit ni son horreur ni sa spécificité, mais il lui octroie la force nécessaire pour sensibiliser et responsabiliser, tout en lui assurant une pérennité dans l'histoire de l'humanité.(…)


L'obsession de l'antisémitisme ( avril 2004 )

(…) Que la résurrection d’un antisémitisme qu’on avait cru disparu suscite désenchantement et colère, on le comprend. Mais pas cet acharnement à traquer derrière chaque mot, chaque geste, derrière chaque critique de la politique israélienne un arrière-fond antisémite. Nous entrons là dans la phase dangereuse de l’intimidation. Une intimidation dont les cibles sont aussi bien la presse, les responsables politiques que les intellectuels. Elisabeth Schemla se félicitait récemment sur son site web de la naissance d’un vrai «lobby juif», capable de se faire entendre des pouvoirs publics. Voilà qui donnera des idées aux antisémites (au cas où ils en manqueraient), ou en créera d’autres.(…)

(…) Dans un autre registre, après Tariq Ramadan devenu héros martyr pour un article contestable, c’est le tour de Dieudonné, dont les propos sont certes indignes mais à qui l’on fait décidément trop d’honneur, de porter cette couronne. Dans les deux cas, on n’a pas su s’arrêter à temps. Et désormais, non seulement tout non-juif est soupçonnable d’antisémitisme, mais on s’en prend aussi à ces prétendus «mauvais» juifs, dont le seul tort est bien souvent de ne pas adhérer à la politique d’Ariel Sharon. On les boycotte, on les éreinte, on les insulte, on leur intente des procès comme encore récemment à Edgar Morin (…)


Esther Benbassa, directrice d'études à l'Ecole pratique des hautes études et chercheuse invitée au Netherland's Institute for Advanced Study.

Friday, February 18, 2005

Bush : le fanatique qui parle de raison

Entendu ce matin à la radio : "Bush demande à la Syrie de prendre une décision rationnelle et de retirer ses troupes du Liban". ( Inutile que je précise que le journaliste n'a pas tilté).
Donc, Bush qui croit en sa mission divine de combattre le mal et de répandre le bien dans le monde. Bush qui a déclaré qu'il avait deux pères, son père naturel et Jésus. Bush, qui a déclaré qu'il ne lit qu'un seul livre : la Bible. Bush, qui demande qu'on prie avant chaque réunion à la maison blanche. Bush, qui se fait porte-parole des fondamentalistes chrétiens. Bush, ce frère siamois de Ben Laden, a osé parler de rationalité. Ce fanatique, ce menteur, ce promoteur de la torture parle de raison. Et ça passe comme une lettre à la poste.
Il a raison Paul Krugman de dire que « ...Si M. Bush affirmait que la Terre était plate [...] on aurait droit le lendemain à des gros titres du style : "Des vues divergentes sur la forme de la Terre ". »
Il parlait des médias US, mais on peut étentdre ça à tous les médias occidentaux.

Thursday, February 17, 2005

Panurgisme médiatique : La voix de son maître

L'acharnement actuel de tous les médias confondus me fait penser aux zélateurs qui rivalisent d'efforts pour plaîre à leur maître ( ici les USA ). Les journaux nationaux, les régionaux, les radios, les télés chantent tous la chanson favorite de Bush et Con.. Rice : La Syrie derrière l'attentat contre Hariri. Ils avaient tous très bien appris la chanson :
(...) Un faisceau de présomptions n’est pas une preuve. La culpabilité de la Syrie dans l’assassinat, hier, de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri n’a rien de prouvé mais si l’on se demande à qui profite le crime, la réponse est évidente. Il profite à la Syrie pour laquelle Rafic Hariri devenait un adversaire redoutable car il était en passe de prendre la tête d’une coalition décidée à obtenir le retrait des troupes syriennes du Liban...(...) Bernard Guetta ( France Inter )
Bernard Guetta fait mine de jouer la prudence ( présomptions n'est pas preuve ), mais uniquement pour juste parès désigner la Syrie comme coupable ( le crime profite à la Syrie ).
(...) Quatre chiffres auraient rendu cet attentat inéluctable: 1559. La résolution 1559 de l'ONU, votée en septembre dernier, à l'initiative de la France et des États Unis, et l'enjoignant à cesser ses ingérences chez son petit voisin. Cet attentat résonne comme une réponse terrible à Jacques Chirac et à George Bush : voilà ce que l'on fait de vos amis, on les envoie en enfer, l'espoir et le pays avec.(...) Isaelle Dath (RTL)
Ne croyez pas vous français que c'est seulement les américains sont visés maintenant, mais la France aussi. Une invitation à oublier les divergences franco-américaines sur l'Irak pour resouder le monde libre contre les barbares du Moyen-Orient. Isabelle Dath aurait dû rappeller qu'il y a des résolutions enjoignant Israèl d'évacuer les territoires palestiniens qui ont été votées en 1967, et que personne ne s'empresse de demander l'application. Ou rappeller que toutes les résolutions votées contre l'Irak depuis 1990 ont été appliquées. On saute ainsi de l'Irak à la Syrie, en oubliant toujours Israèl ?

Non seulement ils chantent, mais ils reprennent aussi en choeur les paroles de Bush, Cheney et tous les néocons : Les Usa rapellent leur ambassadeur en Syrie, voilà que les journalistes servent de caisse de résonnance aux déclarations US, en oubliant ( ou omettant ) de faire leur métier : Pourquoi les USA rapellent-ils leur ambassadeur en Syrie ? Pour faire montre la pression contre la Syrie, même si rien ne les accuse ( je parle de preuve matérielles ). Pour aller dans le sens de toute la politique de menace américaine contre la Syrie depuis plus de 4 ans ? Politique qui fait partie d'une stratégie élaborée bien avant le 11 septembre. "Les américains exigent un retrait immédiat des troupes syriennes du Liban" répètent les journalistes en coeur. Les envahisseurs, les agresseurs, les occupants de l'Irak (état indépendant et souverain et membre de l'ONU ) au mépris de toutes les lois internationales demandent à des troupes étrangères de quitter un pays. Qu'à cela ne tienne, les perroquets répètent la voix du maître. De plus, il faut savoir comment les syriens se sont retrouvés au Liban. Appellés en 1976 par le gouvernement libanais de l'époque, et la présence syrienne au Liban a été officialisée par les accords de pais de Taef en 1992. Ceci n'empêche pas les libanais de demander leur départ bien sûr.
Mais revenons à la question de Bernard Guetta : A qui profite le crime ? Il a dit à la Syrie. Tiens, tiens. Au vue du déchaînement mondial contre elle, je ne vois pas ce que la Syrie a tiré comme bénéfice de cet attentat. Peut-être que ça viendra plus tard. Une fois que des sanctions seront imposées par les Usa ou qu'elle sera attaquée. C'est peut-être ce genre de "profit" dont parle Bernard Guetta. Les américains n'ont eu besoin d'aucun motif valabe pour attaquer l'Irak et qui ont eu recours au plus gros mensonge de la diplomatie internationale, voilà que ces idiots de syriens vont leur servir sur un plateau en or l'excuse la plus imparable pour les attaquer. Peut-être que Bernard Guetta croit que tous les arabes sont des tarés congénitaux.
Par contre, cette situation est tout bénéfice pour Israèl, ennemi de la Syrie. Jugez-en par vous-même : en deux ans, deux des plus grands adversaires d'Israèl dans la région sont en grand danger ( l'un est carrément genoux à terre - l'Irak ). Il ne reste que le troisième : l'Iran, qui est dans le collimateur de Bush.
Le lendemain de l'attentat, sur France Culture le matin, il y avait deux invités, spécialistes du Moyen-orient : Mustapha Benchenane, professeur à Paris V, membre de la Fondation Méditarénnée d'Etudes Stratégiques, directeur ( ou ancien directeur) de séminaire au Collège interarmées de défense (CID) et Elias Sanbar, fondateur et directeur de la Revue d'Etudes Palestiniennes et qui a enseigné en France (Paris VII) et aux Etats-Unis ( Princeton ). Tous les deux ont déclaré que l'on pouvait pas dire qui était le commanditaire. Ca pouvait être aussi bien Israèl ou la Syrie. On peut toujours écouter Benchenane et Sanbar ( minute 40' )
Dans une dépèche de Reuters juste après l'attentat, reprise dans Yahoo Actualités, Rime Allaf, spécialiste du Proche-Orient à l'Institut royal des affaires internationales de Londres, à déclaré que (...) l'attentat est "l'oeuvre de services secrets, pas d'une petite organisation (...). (...) Ceux qui l'ont commis visent à plonger le Liban dans le chaos et à faire accuser la Syrie. Je ne peux pas croire que quelqu'un soit assez naïf en Syrie pour penser que cela pourrait l'aider (...).
D'après leurs références, c'est des gens qui savent de quoi ils parlent. C'est leur domaine de recherche. Ils ont le nez plongé dedans toute la journée depuis des années. On pourrait prendre en compte leurs avis. Mais non, même dans les flashs de France Culture qui ont suivi les interviews des deux chercheurs, leurs propos n'ont pas été repris. Il faut quand même remarquer qu'ils ont des noms pas très européens. Ca doit pas faire très sérieux des experts avec des noms pareil. Il vaut mieux pas les écouter.
Alors continuons de pointer tous vers la Syrie. Les médias sont en crise, et une surchauffe au Moyen-Orient, y'a rien de mieux pour alimenter les peurs et vendre quelques milliers d'exemplaires en plus. Oublions la mascarade de la couverture des attentats de Madrid, ou alors Outreau et l'affaire du RER.
Je ne parle pas des médias américains bien sûr. En fait, je suis quasi certain que si la position de la France ( je dirais même de Chirac ) n'avait pas été contre l'invasion de l'irak par les USA, tous les gros médias français auraient léché les bottes de Bush et les excarpins de Condi-riz.

L'article le plus complet écrit sur ce sujet est (en anglais). Merci Mohsen :-)

Tuesday, February 15, 2005

Urgence humanitaire

Que les coeurs émus et touchés par les dégats du tsunami, se remobilisent pour d'autres causes, même si la télé n'est pas là et qu'il n'y a pas d'images d'enfants emportés par les vagues et pas touristes européens disparus en nombre.
Remettez vos liens vers MSF, Médecins du Monde, La Croix Rouge, etc... pour guider les donnateurs. Car sinon près de 170 000 enfants ( plus, si on compte les adultes ) vont mourir de malaria en ce mois de la Saint-Valentin.

Monday, February 14, 2005

Ils se battent contre le terrorisme

[Via Wood's Lot]

Example

Ils se battent contre le terrorisme depuis 1492

On va peut-être finalement avoir un lien entre Saddam et le 11 septembre

(...) I come from New York and my governor is George Pataki and he went to Iraq and he said that he wanted to take a piece of the Saddam Hussein statue in Firdos Square and lay it into the foundation of a new World Trade Center. If he ends up doing this it will be the first proven link between 9/11 and Iraq (laughs) (...) [Le Gouverneur de New York veut prendre un bout de la statue de Saddam déboulonée le 9 avril 2003 et s'en servir symboliquement comme fondation du nouveau World Trade Center. S'il cela arrivait, ca serait le premier lien prouvé entre Saddam et le 11 septembre]
Amy Goodman, journaliste animatrice de Democracy Now! [Via Alternet]

Le comble d'un bloggueur 2

"Le comble pour une personne qui bloggue c'est d'être réduite à son blog"

Si je parle de poésie sur mon blogue, je ne suis qu'un amateur ou un passionné de poésie, ou à la limite essentiellement ça. C'est impossible que je sois fan d'AC/DC et fou de l'OM.
Si je ne parle pas de ma copine ou de ma femme sur mon blog c'est que sûrement je n'en ai pas. C'est impossible que j'ai une famille et des enfants.
Si je ne parle pas de foot sur mon blog, c'est que je ne dois pas aimer ça.
Si je dis que je suis musulman sur mon blog, je ne suis que ça. C'est impossible que je ne sois pas tous les quatres matins à la mosqué.
Si je parle de musique classique sur mon blog, c'est que je dois détester le rap.
Si je parle que de technologie et d'informatique sur mon blog, je dois sûrement ne pas aimer la littérature.
Si je ne parle pas de ma souffrance sur mon blog, c'est que sûrement je ne dois pas souffrir.
Si je suis toujours de bonne humeur sur mon blog, c'est que je dois être très heureux.

PS1. Toute relation avec d'autres écrits sur ce blog n'est que pur hasard.
PS2. Pour éviter toute ambiguité, je vous rassure je ne souffre pas, et je ne dis pas ça pour me dédouaner à l'avance de quelques débordements qui risqueraient de surgir dans mes futurs billets.

Sunday, February 13, 2005

Arthur Miller est mort....

A peine si la télévision nous le présente pas surtout comme le "mari de Marilyn Monroe". A l'ère de la Star'Ac qu'espérer de plus.

Example

Arthur Miller 1915-2005


Thursday, February 10, 2005

Le comble d'un bloggueur

Quel est le comble pour un bloggueur musulman ?
C'est d'avoir sur sa blogliste une bloggueuse islamophobe.
Putain de vie !!

Précisions
1-Suite aux commentaires de Samantdi et Zub qui m'étonnent un peu. Je ne sais pas si vous avez lu mes commentaires sur le blog de Parisian ( qui est fermé pour le moment ), mais j'ai mis en caractères capitales "C'EST ABSOLUMENT TON DROIT" , concernant le fait qu'elle vomissait ma religion.
2-Islamophobie ( définition - incomplète comme toute définition) : (...) haine, rejet d'un islam réduit à une essence maléfique alors que l'islam est de fait pluriel tant au niveau social, géographique, historique que culturel. Cette haine est alimentée par des préjugés et des stéréotypes négatifs qui, le plus souvent, pratiquent l'amalgame entre : "islam, arabe, musulman, islamiste, terroriste, intégriste" mais aussi entre culture et religion. [ et j'ajouterai islam et tradition, islam et croyances populaires, etc... ]
L'étymologie du mot peut prêter à confusion, "phobie" émanant du grec "phobos" qui signifie peur, effroi. L'islamophobie traduirait à ce titre une réaction de peur devant une menace perçue à tort ou à raison comme objective. En réalité, cette phobie relève bien d'une pathologie sociale comme l'agoraphobie est une pathologie individuelle. Autant un individu tente de maîtriser ce mal dont il est le premier à souffrir autant une société se doit d'intervenir contre cette déviance qui agresse une partie de ses membres et mine les fondements d'une vie commune.
Il importe aussi de distinguer l'islam qui comme toute religion mérite respect - un respect qui dans une perspective démocratique, ouverte et laïque n'exclut ni le dialogue ni la critique- de l'islamisme qui instrumentalise le religieux à des fins politiques, idéologiques ou personnelles. Autant donc la critique de l'islam dans le cadre légal du respect est un droit autant combattre l'islamisme dans ses visées terroristes relève d'un devoir. L'amalgame entre islam et islamisme, musulman et islamiste relève à ce titre d'une erreur intellectuelle doublée d'une faute morale, voire d'une incitation à la haine punissable par la loi.(...)

Donc, elle vomit, rejette et déteste ma religion. Selon la définition ci-dessus, c'est de l'islamophobie. Je ne pense pas que cela rentre dans le cadre d'une divergence d'opinion. Je veux bien discuter de tout, être patient, expliquer, m'expliquer, mais je n'ai pas à accepter de tels propos. Tout ce qu'elle a dit d'autre, je m'en balance.
Puisque elle a le droit de vomir ma religion, j'ai aussi le droit de dire que ce que ces propos c'est de l'islamophobie et j'ai aussi le droit de ne pas vouloir garder son blog sur ma liste.
C'est simple, arrive un moment ou il faut dire "Stop". Si je dis : "Je hais les noirs ou les juifs". Ca sera mon opinion et on va l'accepter, ou alors on va me qualifier de raciste ou antisémite ?

Je suis désolé de le dire, mais dans ce genre de situation, la neutralité bienveillante n'a pas de place. La neutralité je ne l'accepte pas.

Le comble dans cette histoire, c'est les femmes musulmanes opprimées qui se battent pour leurs droits, se sentent et se disent musulmanes. A aucun moment, elles ne vomissent sur leur religion. J'imagine mal une personne vomissant la religion de ces femmes et en même temps vouloir les défendre. Comme j'imagine mal un raciste intervenir pour porter secours à un noir ou un arabe en train de se faire tabasser.

Samantdi, tu as écrit : (...)
je reconnais à quiconque le droit de "clamer que l'on vomit une religion, qu'on la déteste (...) ... (...) des gens se sont battu pour avoir cette liberté de penser.(...)
J'ai fait ce rapprochement spacial exprès. Tu ne ressens pas un malaise en voyant juxtaposé ces deux expressions : "droit de vomir" et "liberté de penser", utilisés ici pour faire valoir le même argument. Il y a des années lumières entre "vomir" et "penser". Mais supposons que ça passe : Comment peux-t-on dire à une personne qu'on vomit ses coyances ou ses idées et en même temps prétendre la respecter. Parce que c'est de cela qu'il s'agit.

Bref, chacun pense ou vomit ( tiens pourquoi pas ) ce qu'il veut...

Féministes chez les musulmans

Fatima Mernissi, Professeur à l'université Mohammed-V, a Rabat. C'est l'une des plus brillantes intellectuelles musulmanes :
« Seules les musulmanes persécutées intéressent l'Occident »

Extrait :

Comment expliquez-vous alors qu'en Occident, les femmes musulmanes sont toujours considérées comme soumises ?
Parce que c'est une idée reçue, véhiculée par les médias. Ces images de femmes misérables, soumises, battues, violées, sont devenues un produit de consommation pour l'Occident, comme une drogue qui vous renfloue. Cela remonte à merveille le moral des femmes occidentales. On leur dit : « Estimez-vous heureuse, vous n'êtes pas dans un pays musulman. »

Vous semblez dire que les femmes musulmanes ne sont pas opprimées.
Beaucoup d'entre elles dirigent des compagnies, mais elles ne sont pas médiatisées. Seules celles qui sont persécutées sont intéressantes aux yeux de l'Occident !

Cet Islam existe pourtant, par exemple chez les taliban !

Je ne parle pas des extrémistes, je parle de gens normaux ! Les femmes que je rencontre remportent des batailles tous les jours. Elles, vous ne les regardez pas ! Celles qui vous intéressent portent le voile ou subissent la dictature des extrémistes.

Au cours de votre enquête, qu'est-ce qui vous a le plus surpris ?
Que les femmes occidentales croient que leur système est bon pour les femmes. Du fait qu'elles ont quelques avantages, elles ne voient pas tout le reste.
Elles ne sont absolument pas les égales des hommes, mais se comportent pourtant comme si c'était le cas. Je trouve cela tout bonnement fascinant ! En Orient, je sais que les lois sont contre moi, donc, à chaque minute, je veille à ne pas me laisser "bouffer".


Mona Chollet n'est pas musulmane, mais elle fait le même constat ( "Un féménisme mercenaire" ) :
"Une violence faite aux femmes
qui ne permet pas de dire du mal de l’islam n’a aucun intérêt".

A lire les livres de féministes musulmanes :
-Fatima MERNISSI (Sexe, idéologie, islam, chez TIERCE, 1975, Le harem politique, chez Albin Michel, 1987, La peur-modernié, chez lz même éditeur, 1992),. Site web de Fatima Mernissi.
-Nawal SAADAOUI (les femmes de l'islam, chez La Brèche,1980, La face cachée d'Eve, Ed. des femmes, 1982).