Tuesday, February 28, 2006

Affaire Ilan Halimi

Je refuse toujours (et pour cause) de faire n'importe quelle projection ou supposition sur des affaires aussi sensibles que celle du gang des "barbares". Il y a tellement de manipulations et de calculs politiciens. Et quand il s'agit d'affaires aussi dramatiques, ça donne envie de vomir de voir comment certains se précipitent pour en tirer un quelquonque avantage.
L'UJFP ( l'Union Juive Française pour la Paix) a publié un communiqué ou elle regrette et dénonce ces tentatives de récupération : (...) L’UJFP (...) met en garde contre le danger de transformer cet assassinat en une criminalisation d’une partie de la population. Elle invite les médias à faire preuve de prudence avant de propager n’importe quelle rumeur....Enfin l’UJFP regrette vivement que certains profitent de l’immense émotion pour entretenir des réflexes de peur et de repli communautariste.(...) [Via Mohsen].
Esther Benbassa, écrit aussi dans le Monde : (...) Toutefois, la terrible question qui se pose est de savoir ce qui a poussé ces jeunes, dans ce cas précis, à aller aussi loin dans la cruauté. Le plaisir sadique, la dimension ludique de l'horreur, l'absence totale de tabous ? Ou tout simplement rien ? Ce rien qui remplit le cerveau de ces voyous en manque de modèles positifs, d'encadrement, d'un minimum de règles et de normes. Le crime que l'on déplore aujourd'hui n'est pas seulement affaire de race, d'ethnie ou de religion. C'est d'abord nos sociétés qu'il interpelle, des sociétés capables de fabriquer de tels monstres sans empathie. La banalisation du mal par images interposées, des images qui à la fois éloignent ce mal de nous, le neutralisent et nous le rendent familier, contribue certainement à la formation de cette sorte de monstruosité d'un genre nouveau.
C'est un juif qui est mort. Mais n'importe qui d'entre nous, juif ou pas, aurait pu être à sa place. Il serait sage de contourner le piège de la communautarisation du calvaire d'Ilan Halimi. Celui-ci, victime d'un sort tragique et injuste, mérite certes de devenir un symbole. Mais celui qui nous exhortera à endiguer par tous les moyens cette inhumanité que génèrent nos systèmes et dont nous sommes les passifs spectateurs. (...)

Elle refuse une analyse purement communautariste, comme sont enclins à le faire certains des pseudos-philosophes médiatiques en occultant l'horizon extrêmement noir que propose la société à ses jeunes, surtout à ses jeunes de banlieues.

Friday, February 24, 2006

"Positivité coloniale" abrogée

L'article 4 sur le rôle positif de la colonisation a été finalement abrogé. Cela fait presque un an, j'avais posté (et pesté) contre cette loi qui était alors en préparation. J'ai eu un mail d'une fidèle lectrice me reprochant ma colère avec même un petit argumentaire qui disait en gros que - le monde non-occidental n'était pas non plus un monde tolérant et exempt d'exemples de domination d'un peuple sur un autre, ou que les défauts que je dénonce sont les défauts des hommes de part le monde-. Ma réponse a été bien sûr de demander depuis la barbarie des uns sert à excuser la barbarie des autres, et de préciser que le sujet est bien précis : Dénoncer une loi en préparation. Il n'a pas fallu plus pour que je sois rayé de la liste des blogs préréfés de cette lectrice assidue.
Bref, cet article infâme a donc été abrogé, après le combat de plein de personnes et notamment celui des antillais. Mais la loi est-elle abrogée dans les esprits ( le site le mieux documenté sur l'histoire de la colonisation) ?

J'enrichis ma blogoliste

Vous avez sans doute remarqué que je suis assez fainéant ces derniers temps. Je n'écris pas beaucoup, alors que je suis toujours attentif à toute l'actualité immédiate et toujours en train de poursuivre des aventures passionantes dans le monde des idées et des livres. J'ai aussi beaucoup négligé la liste de mes blogs favoris. Une petite mise à jour s'impose. J'essaie par ordre chronologique.
Le Monolecte, ça sort des sentiers battus, c'est engagé (comme j'aime), et c'est toujours bien documenté.
Radical-Chic, je ne suis pas souvent d'accord, mais j'aime l'ouverture d'esprit du blog.
Moorish Girl, toujours content de découvrir une femme arabe avec du talent. Ca ferme leurs gueules aux machistes du côté de chez nous.
Nervous Cacas, Albinoal et Zefabnews, ça fait plaisir de voir qu'il y a des personnes qui apprécient vos écrits et ça fait encore plus plaisir de découvrir qu'on apprécie les leurs.
The Angry Arab News, des analyses sur le monde arabe qui sortent du conformisme ambiant avec un très bon suivi de la presse anglosaxonne ( je suis fainéant je vous dis).
Lenin's Tomb, le renouveau de la pensée marxiste, et une bonne manière d'être en contact avec la gauche d'outre-Manche.

Tiens, j'en profite pour donner un conseil pour les nouveaux bloggeurs ou lecteurs de blogs: Ne lisez pas les 100 blogs les plus cités. Ca ressemble souvent au Journal de 20h, au Monde, à l'Expansion, etc ..

Pédagogie libérale précoce

La Commission Européenne préconise que l'esprit d'entreprise doit être inculqué aux citoyens dès l'école primaire. Selon une dépêche de l'AEF (accès réservé), Günter Verheugen, commissaire européen chargé de l'industrie et des entreprises, a déclaré : "Nous avons besoin d'une approche systématique de l'éducation à l'entrepreneuriat, de l'école primaire à l'université." Une liste de recommandations a été établie par la Commission Européenne : "Les cursus scolaires devront par ailleurs inclure l'entrepreneuriat comme un objectif d'éducation. Les écoles devront être concrètement incitées et soutenues pour l'introduction de cette matière dans les programmes. Une attention particulière devra de plus être portée à la formation des enseignants et des chefs d'établissements. Une coopération entre les établissements scolaires et les entreprises locales devraient également être encouragée. "

Doit-on penser que Noëlle Breham a décidé d'aller plus loin et dépasser ainsi les plus fous souhaits de Juan Manuel Barosso et son équipe. En effet, c'est carrément le libéralisme pur que les invités de son émission "Les p'tits bateaux" inculquent aux enfants.

Exemple :
Q ( Eve, 17 ans) : « Il n’y a pas longtemps, j’ai acheté une paire de gants à un euro. J’ai trouvé que c’était une super affaire. Mais après, je me suis demandé combien étaient payés les gens qui l’avaient fabriquée et j’ai eu envie de la rendre ».
R ( Daniel Cohen, économiste ) : « Si vous rendiez cette paire de gants, vous rendriez un bien mauvais service à ceux qui l’ont fabriquée. Cette paire de gants que vous avez achetée, pour ces gens-là, c’est leur manière d’accéder à la richesse que vous avez déjà vous-même. Le fait que les gens soient mal payés dans les pays pauvres, cela tient à beaucoup de choses qui ont vocation à changer. Cela tient au fait que ce sont des gens qui n’ont pas les machines que nous avons ici, qui sont obligés de travailler eux-mêmes avec leur travail [sic] plus durement que nous n’avons besoin de le faire nous-mêmes. Nous, dans une nation riche, on appuie sur un bouton et ce bouton permet de faire beaucoup de choses. Quand on n’a rien de ces choses-là, il faut le faire soi-même et c’est pour ça que le travail est moins productif, comme on dit en économie, et qu’il faut plusieurs heures de travail pour faire une chose que nous faisons plus rapidement. Donc le travail est mal payé parce que les gens manquent de ces leviers qui permettent aux sociétés les plus riches d’être plus productives. Le travail est mal payé, aussi, parce que ces nations sont loin de nous, il faut que... ils acceptent de gagner moins pour pouvoir trouver leur voie à nos marchés à nous. Si c’était au même prix, alors on ne leur achèterait pas leur marchandise parce qu’ils habitent très loin. L’éloignement du centre, nous, le fait que ces nations soient moins bien dotées, en machines, en éducation aussi, permet de comprendre pourquoi il sont moins bien payés.»

Un vrai petit argumentaire libéral bien gentillet, n'est-ce pas ? C'est tellement doux qu'il est pas du tout évident de sentir là où ça peut faire mal.

Un autre exemple :
Q ( Chloé, 9 ans ) : « Bonjour, je m’appelle Cholé, j’ai neuf ans, et j’aimerais savoir pourquoi dans l’hémisphère Nord de la Terre les pays sont riches, et dans l’hémisphère sud c’est le contraire. »
R (Alain Fréjans, "ingénieur et historien") : « Chloé, je crois que la richesse, c’est le produit du travail par le commerce. C’est les deux sources de la richesse.
La première des choses, c’est de produire, et produire, c’est faire un très gros effort pour travailler, un très gros effort individuel, et il y a des religions qui incitent à beaucoup travailler, à l’effort individuel, en particulier le protestantisme — beaucoup plus que le catholicisme qui lui interdisait pendant très longtemps le prêt à intérêts, il interdisait le métier de banquier — et il y a d’autres religions comme par exemple l’islam ou le bouddhisme qui n’ont pas l’argent en très haute estime. On dit souvent « Inch’Allah » : il y a un destin, c’est Dieu qui va être l’artisan de la réussite, c’est pas tellement le travail de l’individu. Alors il est certain que les peuples protestants qui sont dans le Nord de l’Europe et le Nord de l’Amérique ont mieux réussi que les peuples du reste du monde. Les pays qui ont été communistes incitent à l’effort collectif et pas à l’effort individuel, donc ça n’incite pas le particulier à faire un travail individuel. »

...« Et alors, nos pauvres amis africains, très souvent ils se sont trouvés coincés dans des forêts équatoriales, sans les moindres moyens de communication, sans les moindres moyens d’échange, alors même s’ils avaient un petit peu de cuivre, ou un petit peu de caoutchouc, ils ne pouvaient rien échanger. »
...« Donc ce qui est très important, c’est le travail de l’individu, c’est une société qui valorise le travail. Par exemple l’esclavage ... L’esclavage, c’est très, très mauvais, parce que tant qu’on a des esclaves, on ne se donne pas de mal, et on ne cherche pas des machines pour rendre le travail plus efficace ! »

Le mélange est total. On se sait plus de quoi parle cet ingénieur-historien. L'auteur de l'article d'Acrimed s'interroge : "Nous ne sommes pas bien sûr d’avoir compris de quoi il s’agit : de l’esclavage pratiqué par des peuples paresseux ? Ou de l’esclavage auquel les peuples d’Afrique ont payé le plus lourd tribut, pour le plus grand bénéfice des peuples courageux, charbonneux et maritimes ?".

Plusieurs questions me viennent à l'esprit. Bernard Guetta, le grand pédagogue de l'Europe libérale parraine-t-il cette émission ? France-Inter a-t-elle décidé de faire de la pédagogie auprès des enfants français (cerveaux plus facilement maléables), pour qu'ils puissent voter OUI au prochain TCE, vu que cette même pédagogie n'a pas trop marché avec les parents adultes ?

Comme tout est lié, cette façon de former les futurs citoyens garantira qu'ils ne pourront que croire ce que raconteront les futurs pédagogues. Une future société convaincue d'être dans le vrai. Normal, elle n'aura jamais eu conscience qu'une autre façon de vivre, de penser et d'appréhender le monde existe.

Tuesday, February 21, 2006

Comment on forme les futurs défenseurs de la liberté d'expression

Un exemple édifiant. (Sans commentaire)

Friday, February 17, 2006

Caricatures : L'Occident sans substance

Cet article de Jean-Claude Guillebaud exprime de façon exacte ce que je pense depuis le début de cette affaire des caricatures du Prophète. Je le reproduis en entier :

[ ]Partout, de Pékin à Hanoï, Mexico ou Lagos, l'abondance, la liberté individuelle, la musique, la télévision et la consommation effrénée suscitent une attirance et une volonté d'imitation. Le capitalisme séduit, la modernité éblouit et provoque la convoitise. Pourquoi le nier ? Pourquoi s'en plaindre ?
Dans le même temps, cependant, des refus se manifestent. Souvent par la violence ou le terrorisme et, dans le meilleur des cas, par un retour confus vers la tradition ou la religion réinventée dans sa forme la plus archaïque.
Ce qui est dénoncé alors, ce ne sont pas seulement les insuffisances du modèle culturel et social que nous incarnons - inégalités, dureté sociale, atomisation individuelle, capacité destructrice -, c'est aussi un "impérialisme" d'un type nouveau, fondé sur une étrange sûreté de soi. Comme si l'Occident se trouvait en quelque sorte prisonnier de sa propre victoire.
Il est vrai qu'ajoutée en quelque sorte à la démocratie, une arrogance têtue a surgi tout armée de l'effondrement inattendu du communisme en 1989. Le libéralisme victorieux, en bonne conscience, s'est senti à nouveau dépositaire du destin planétaire, comptable et artisan de l'émancipation universelle, avant-garde assermentée du mondialisme en marche.
Campé face aux replis culturels de l'Arabie ou de l'Asie mineure, dressé contre les frilosités nationales de l'Est ou les rémanences du fanatisme religieux,
l'Occident se comporte depuis lors comme s'il refoulait désormais son propre désarroi, ignorait le vide dont il se sait - aussi et malgré tout - porteur.
La modernité occidentale tend à diaboliser ce qui la conteste, à négliger ce qui la questionne, à combattre ce qui lui résiste. Comme si, toute critique oubliée, toute déréliction conjurée, elle retrouvait face à l'autre la certitude qui lui fait défaut face à elle-même. Le philosophe Cornelius Castoriadis, disparu en 1997, n'avait pas tort de poser la question en ces termes : pourquoi nos société riches et libres sont-elles devenues incapables d'exercer durablement une influence émancipatrice sur le reste du monde ? Pourquoi la modernité dont nous sommes les messagers se trouve-t-elle récusée - ou combattue - un peu partout sur la planète ? Autrement dit, qu'est-ce qui "ne fonctionne décidément plus" ?
Pour répondre à la question,
on convoque sans relâche la persistance de l'obscurantisme, la régression intégriste, les complots du terrorisme, le désenchantement du lumpenprolétariat du tiers-monde ou l'imposture des dictatures tropicales. C'est une démarche consolatrice mais très insuffisante elle aussi. Si la crise de l'Occident - son "délabrement", pour reprendre Castoriadis - explique qu'il ne rayonne plus, reste à se demander à quoi tient, en dernière analyse, cette "crise". Comment s'explique cette insuffisance qui vaut à l'Occident d'être perçu comme un repoussoir plutôt qu'un modèle ?
Chacun de nous, en son for intérieur, connaît la réponse. Si l'Occident est en crise, c'est parce ce qu'il a cessé d'exercer sur lui-même la capacité critique qui le constituait. "Notre siècle, s'exclamait jadis Emmanuel Kant, est le siècle propre de la critique à laquelle tout doit se soumettre." L'Occident, de ce point de vue, a bien rompu avec Kant.
Il a fait de sa modernité et de la mondialisation libérale, non plus un questionnement, mais un privilège et une injonction, non plus une précieuse subversion mais une idéologie conquérante. Il tend à se barricader dans le refus de l'autre. Comme s'il se trouvait désormais bétonné, clos sur lui-même, inaccessible à l'interrogation.
Faisant cela, il se "communautarise" à sa manière et devient du même coup infidèle à cela même qui le constitue. [ ]


L'Occident n'a plus de valeurs, mais uniquement des crispations ( qui lui servent à combler le vide créé en son sein), pas différentes de celles des intégristes qu'il entend combattre (en oubliant ses propres intégristes et dogmatiques - très bien décrites dans le dernier livre de Guillebaud au passage). C'est ce qui arrive quand on laisse Philippe Val défendre(sic) la liberté d'expression.

Tuesday, February 07, 2006

Petit test sur la liberté d'expression

Je suis sûr que tous les médias et tous les prêtres et prêcheurs de cette puissante Eglise vont se révolter. On ne tergiverse pas avec la liberté d'expression. C'est un principe que l'Eglise défend avec force.

Wednesday, February 01, 2006

Le vote indigne des palestiniens II

(...) Chaque partenaire qui avait la possibilité d’être un partenaire a été disqualifié en tant que partenaire parce que les gouvernements israéliens [avec le soutien total des américains] , fondamentalement, n’ont jamais été des partenaires pour la paix (...)
Menace sur le processus de paix ( ce qui est en gras est de moi )