Tuesday, February 27, 2007

Des intellectuels de gauche restent à gauche

(...) Un intellectuel se dit «atterré par l'état actuel de la gauche». Il se nomme Alain Finkielkraut. Probablement sujet aux insomnies, plutôt que de compter les moutons, il préfère dénombrer les joueurs de couleur dans l'équipe nationale de football et en conclure publiquement que leur excessive proportion fait de la France «la risée de toute l'Europe». Pour notre part, nous sommes atterrés par l'atterré. Lequel a dirigé un ouvrage collectif sous l'optimiste intitulé, Ce que peut la littérature (Stock/Panama). Pas grand-chose, serait-on tenté de lui objecter, quand la fréquentation quotidienne des grands livres ne suffit pas à dissuader un admirateur d'Hannah Arendt de venir grossir les rangs des disciples de Georges Frêche. Un deuxième intellectuel se fend d'une tribune dans le Monde afin d'expliquer pourquoi et comment il est passé de Mao à Sarkozy. Nous parlons d'André Glucksmann. Qui fustige l'absence d'idées de la gauche au long d'un article dont la vacuité intellectuelle revient à transposer au XXIe siècle le mythe du tonneau des Danaïdes ­ on en déduit cependant à grand-peine que le Grand Timonier lui fut quelque temps une étoile fixe et que l'atlantisme béat lui sert à présent d'unique boussole. Un autre intellectuel, ce doit être le troisième, après avoir trouvé Une place dans le monde (Stock, 2004), en a trouvé une autre dans Libération (du 12 février) pour chanter son amour du Petit Timonier des Hauts-de-Seine et son mépris des «discours de gauche ou néogaullistes». Au fronton de ce monument de confusion intellectuelle brille cependant une pensée forte : «Quant à ce qu'il fera, s'il est élu, qui le sait ? Les hommes politiques, après tout, sont des hommes politiques.» Ce n'est pas une réplique de la Cantatrice chauve, mais Marc Weitzmann qui évoque Nicolas Sarkozy. Au suivant, au suivant... (...)
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Les intellectuels "de gauche" qui sont partis à droite étaient-ils vraiment de gauche ?

Et lui, Jacques Julliard (il paraît qu'il est de gauche), à votre avis qui est son meilleur ennemi ?

(...) Et maintenant, quelles sont les chances de Ségolène Royal? Assez sérieuses pour que chacun réfléchisse à son propre rôle et émette un vote de responsabilité plutôt que de confort. Le confort, cette douce tentation du vote pour se faire plaisir, du vote pour dorloter ses convictions, du vote pour sauver son âme, nous le connaissons bien: c'est d'aller chez les trotskistes, les écolos ou encore les alters si bouffis de leur importance qu'ils ne sont plus aujourd'hui, pardonnez-moi, que des alter ego ! Que dire de ces messieurs 2 %, de ces dames 2 % qui s'imaginaient déjà en propriétaires des 55 % de non du 29 mai 2005? Volatilisé le magot? Pas du tout! Il est parti chez Ségolène, bien sûr, Ségolène qui a voté oui, mais qui a su, depuis, incarner tout ce que le non recelait d'exaspération devant la morgue des élites. La preuve de ce que j'avance? Contre qui, je vous le demande, s'acharne donc depuis deux mois la presse Sarko, la radio Sarko, la télé Sarko, en un mot l'empire Berluscozy? Sur ces farouches ennemis du capital, sur ces révolutionnaires redoutables qui ont nom Laguiller, Besancenot, Buffet? Vous n'y êtes pas. Ceux-là, on leur tapote la joue avec condescendance. Le feu est concentré sur Ségolène. Alors un conseil : si vous ne savez pas pour qui voter, demandez-le à votre meilleur ennemi: il vous le dira, lui! (...)
L'article

Jacques Julliard est un homme qui n'est pas de gauche, mais qui reste à gauche (enfin, on se comprend).