Tuesday, February 13, 2007

Mondialisation : les pauvres sollicités

"Il faut prendre l'argent là où il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres. Bon, d'accord, ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais il y a beaucoup de pauvres." Alphonse Allais.
Les entreprises du secteur de la téléphonie mobile ( constructeurs et opérateurs) semblent décidées à suivre au mot cette citation d'Alphone Allais. Avec les difficultés que commencent à connaitre de gros opérateurs en Europe comme Deutsche Telekom et Vodafone et la téléphonie 3G qui décolle pas, il reste à aller lorgner sur les maigres revenus des pauvres. Il seraient "
un milliard de clients pauvres à conquérir". L'impératif est de baisser les coûts pour vendre aux pauvres. Quand on connait la médiocrité de qualité des services de téléphonie mobile dans les pays développés, on ose pas imaginer ce qu'il est envisagé de vendre aux sous-développés. A gros renfort de publicité on va faire croire aux habitants des pays du sud qu'avec le téléphone portable ils auront accès au rêve occidental qu'ils ne voient que dans les magazines ou à la télé. De la pub qui montre superbe femme blonde qui téléphone avec son portable dernier cri, l'homme du sud pourra au moins avoir le portable (en attendant d'avoir la femme ?). En Occident, "la publicité des opérateurs [fait] miroiter la liberté infinie de la mobilité individuelle, qui permettrait de s’élever au-dessus des pesantes limites du monde ancien. Depuis peu, le marketing insiste sur une autre dimension de ce même fantasme : grâce à la téléphonie mobile, l’individu pourrait échapper à sa place ordinaire dans la société" (Esclaves volontaires du téléphone portable). Et dans les pays du sud l'illusion serait de croire qu'avec le portable les gens vont quitter leur condition de pauvres, alors que c'est le contraire qui risque d'arriver. Les études ont montré qu'en Europe le téléphone grève sérieusement le budget familial. En Algérie par exemple, l'offre la moins chère coûte le quart du salaire minimum. Et l'Algérie est un pays pauvre "riche".
Ces pauvres tant convoités ont-ils seulement besoin de téléphone portable ? Peut-être qu'ils ont besoin de médicaments contre le sida, de vaccins contre le paludisme, d'avoir accès à l'eau potable, d'éducation, etc...