Wednesday, February 07, 2007

En soutien à Charlie-Hebdo (oh oui!)

Aujourd'hui s'est ouvert le procès contre Charlie Hébdo pour la publication des caricatures du prophète en février 2006. J'aimerai apporter ma contribution en publiant cet extrait d'un article paru dans Le Monde trouvé sur Périphéries. Pour Philippe Val, grand éclaireur, Voltaire du 21ième siècle :
(...) « Sur la quatrième de couverture de son livre, Philippe Val pose sept questions brèves qui sont comme les sept sceaux de la connaissance : “L’aventure humaine touche-t-elle à sa fin ? L’homme du XXIe siècle agit-il librement ? L’athéisme est-il un tabou ? L’amour nous éloigne-t-il de la guerre ? Les singes sont-ils fascistes ? Pourquoi avons-nous peur ? Comment être un homme des Lumières aujourd’hui ?
On est saisi, intimidé, par l’importance de ces questions, et on ne peut s’empêcher de songer aussitôt à la question, la huitième, celle qui les résume toutes : “Est-ce que le ridicule tue ?”
Philippe Val étant directeur de Charlie Hebdo, on pourrait croire à un gag. Mais non. Depuis longtemps déjà, l’avatar d’Hara-Kiri mensuel a pris sa devise au premier degré, il est devenu bête et méchant, et seul le sérieux qu’il y met prête encore à sourire.
(...)
Rien ne me prédestinait à écrire ce livre”, annonce Philippe Val, ébloui par l’inattendu enfantement de ce monument. Elevé chez les Oratoriens, il aurait dû rester idiot, catho, facho, mais voilà qu’un jour, en allant faire pipi au côté d’un condisciple, “dans l’enthousiasme du soulagement”, lui vient la révélation que Dieu n’existe pas.Ce lieu d’aisances m’a été ce que le chemin de Damas fut à saint Paul.” Alléluia ! Voilà donc Fifi le Terrassé, contraint “d’arrêter net ses études à 17 ans pour faire de la musique, des chansons et du théâtre”. Mais ne croyez pas qu’il va se désintéresser de la culture, au contraire : Montaigne, Spinoza, Shakespeare, Freud, Schopenhauer, Deleuze, tous y passent et conduisent, que dis-je, destinent le jeune athée à écrire cet incroyable Traité de savoir-survivre. C’est l’œuvre d’un homme à part, décidément, un homme libre qui n’hésite pas à braver ses origines sociales et culturelles pour affirmer avec force qu’il a “conscience d’avoir conscience”, formule qu’il répète une cinquantaine de fois, comme pour la réinventer. C’est qu’on s’autorise beaucoup quand on est libre. “La liberté n’est rien d’autre que le chemin à parcourir pour accroître nos possibilités d’être heureux.
Pour Philippe Val, le sommet de la liberté de jouir à laquelle chacun de nous aspire, c’est l’amour aux chandelles, avec une bouteille de “Château Pétrus sur la table de nuituit. Dommage, il n’y a pas de “Château Pétrus” (Pétrus est un seigneur qui n’a pas besoin de titre), mais on aura repéré au passage l’influence de Michel Onfray. Les grands esprits jouisseurs se rencontrent. Val, c’est du Onfray, mais en plus simple, si c’est possible, encore plus facile à comprendre, une sorte de vulgarisation de la vulgarisation qui n’est pas dépourvue d’une certaine vulgarité. C’est le risque quand on veut plaire : “Lecteur, si mon livre te donne l’intuition que la joie est moins inaccessible qu’il n’y paraît, j’aurai atteint mon but.” C’est beaucoup nous demander en effet, que notre joie demeure à la lecture de ce traité. Le désagréable, ce n’est pas l’inculture ou l’erreur - nous sommes assez grands pour ouvrir de vrais livres - c’est l’arrogance et le bruit qu’elle fait. » (...)
Christophe Donner, Le Monde 2, 13 janvier 2007