Les scandales "jetables"
Dans la foulée de mon précédent billet, hier dans Libération :
(...) Une journée, et puis s'évaporent. La durée de nocivité moyenne d'un scandale de campagne électorale, dans la bulle politico-médiatique, c'est la journée. Ségolène Royal prononce-t-elle entre deux portes une amabilité contournée, et plutôt inoffensive, sur la souveraineté québécoise ? Aussitôt, quel effroi dans la volière ! Roulements de tambour, dépêches d'agence, alertes météo, war rooms en état de vigilance orange, ouverture des journaux radio du matin, reportages au journal télévisé du soir, où la planétaire gaffe se fait une place au milieu des reportages sur les naufragés de l'autoroute enneigée. Et ce n'est pas tout. Exégèses des tables rondes d'éditorialistes sur les chaînes câblées, commande en rafale de prochains sondages, reprises en multidiffusion du procès en incompétence diplomatico-économico-stratégique. Dailymotion et YouTube se garnissent immédiatement, par magie, des phrases en question. Et jusqu'au «Vive le Québec libre !» de De Gaulle à Montréal, qui surgit de sa tombe, en attendant la queue de comète le lendemain matin, avec le déchaînement du carré des éditorialistes de la presse régionale, qui constituent le fond de sauce de la revue de presse de France Inter.
Conclusion implicite : on se demande ce qui retient les sarkozystes de demander la traduction immédiate en Haute Cour de justice de cette candidate, qui serait capable de provoquer une guerre avec le Canada. Mais le procès attendra. Déjà, le système malaxe la boule puante du lendemain. Dans l'Empire du scandale jetable, être encore vivant chaque soir, c'est déjà triompher. Pas d'autre maître que le chronomètre. Pas d'autre kit de survie que la vigilance de la «cellule de veille». Toute minute de retard peut être fatale. Hier, c'était la préhistoire. Demain n'existe pas. Vive l'instant !(...)
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Voilà le modèle médiatique de la politique qu'on propose aux français. En reste-t-il un autre d'ailleurs ? Est-il encore possible de faire de la politique en dehors de ce cadre ?
Après les élections présidentielles, quel que soit le candidat élu, Le Monde va sûrement poser la question suivante à ses internautes : "Croyez-vous que Nicolas Sarkozy a été élu ?"
(...) Une journée, et puis s'évaporent. La durée de nocivité moyenne d'un scandale de campagne électorale, dans la bulle politico-médiatique, c'est la journée. Ségolène Royal prononce-t-elle entre deux portes une amabilité contournée, et plutôt inoffensive, sur la souveraineté québécoise ? Aussitôt, quel effroi dans la volière ! Roulements de tambour, dépêches d'agence, alertes météo, war rooms en état de vigilance orange, ouverture des journaux radio du matin, reportages au journal télévisé du soir, où la planétaire gaffe se fait une place au milieu des reportages sur les naufragés de l'autoroute enneigée. Et ce n'est pas tout. Exégèses des tables rondes d'éditorialistes sur les chaînes câblées, commande en rafale de prochains sondages, reprises en multidiffusion du procès en incompétence diplomatico-économico-stratégique. Dailymotion et YouTube se garnissent immédiatement, par magie, des phrases en question. Et jusqu'au «Vive le Québec libre !» de De Gaulle à Montréal, qui surgit de sa tombe, en attendant la queue de comète le lendemain matin, avec le déchaînement du carré des éditorialistes de la presse régionale, qui constituent le fond de sauce de la revue de presse de France Inter.
Conclusion implicite : on se demande ce qui retient les sarkozystes de demander la traduction immédiate en Haute Cour de justice de cette candidate, qui serait capable de provoquer une guerre avec le Canada. Mais le procès attendra. Déjà, le système malaxe la boule puante du lendemain. Dans l'Empire du scandale jetable, être encore vivant chaque soir, c'est déjà triompher. Pas d'autre maître que le chronomètre. Pas d'autre kit de survie que la vigilance de la «cellule de veille». Toute minute de retard peut être fatale. Hier, c'était la préhistoire. Demain n'existe pas. Vive l'instant !(...)
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Voilà le modèle médiatique de la politique qu'on propose aux français. En reste-t-il un autre d'ailleurs ? Est-il encore possible de faire de la politique en dehors de ce cadre ?
Après les élections présidentielles, quel que soit le candidat élu, Le Monde va sûrement poser la question suivante à ses internautes : "Croyez-vous que Nicolas Sarkozy a été élu ?"
Labels: médias, présidentielles
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