Wednesday, September 07, 2005

Liste noire des compagnies aériennes

Selon Libération, les pays européens seraient prêts à établir une liste noire commune des compagnies aériennes. Dans tout ce débat sur la sécurité aérienne dû aux récents accidents à répétition, il me semble pas avoir entendu parler des raisons de fond ( ou du moins une partie de ces raisons ) qui font que c'est devenu aussi dangereux de prendre un avion. J'en ai pas entendu parler ou alors cela m'a échappé. Il faut en effet se rappeller que le transport aérien à été déreglementé pour le rendre plus libéral au début des années 80, et Ronald Reagan en a été un des principaux artisans lors de son bras de fer avec les aiguilleurs du ciel à l'issue duquel 11 000 aiguilleurs du ciel ont été licencié par le président américain.

La cause de tous ces maux ( Source : Lex.Aero.com )
Quelle est l’origine de toutes ces créations et disparitions d’entreprises qui pénalisent essentiellement les passagers et les personnels, alors que certains financiers - dont je m’abstiendrai de donner un qualificatif - continuent à être les maîtres du jeu ? La réponse a déjà été donnée à plusieurs occasions. Il s’agit de la "deregulation" de 1978 (c). Elle s’est appuyée sur des postulats selon lesquels :
1- "Le transport aérien étant devenu majeur, il devrait s'aligner sur les autres industries". Quelle erreur ! Etant donné la sensibilité bien connue de l’industrie à de très nombreuses variables exogènes (conditions météorologiques, grèves, conflits, récessions économiques, catastrophes naturelles, épidémies,...), il est permis de se demander comment cette idée à pu naître et être acceptée ? En effet, le transport aérien est un système fragile et vulnérable hors des périodes de croissance soutenue. Il ne peut être assimilé aux autres industries pour de nombreuses raisons déjà, longuement, développées. Même en période de croissance, ses marges bénéficiaires sont faibles eu égard aux capitaux investis.
2- "Il fallait supprimer les barrières à l'entrée, ceci, afin de favoriser l'émergence de nouveaux "entrants" pour stimuler la concurrence ce qui conduirait, par le baisse des tarifs, à un avantage certain pour les passagers du transport aérien". J’ai démontré, depuis des années, que la validité de ces principes n’avait pas été confirmés par les faits.
Des dizaines de compagnies ont disparu ou ont été absorbées par les "Majors" qui sont devenues des méga-compagnies, en position de quasi-monopole. Quant aux barrières à l’entrée, elles devinrent infranchissables par les "nouveaux entrants" (d). Si la baisse des tarifs a effectivement été la première manifestation de la "déregulation", une fois la restructuration accomplie, les tarifs allaient cesser de diminuer pour, dès 1988, reprendre une croissance vers la hausse.
Mais la brèche était ouverte, laissant place, dans ce nouvel espace aérien d’ultra-libéralisme, à de très nombreuses initiatives, dont l’objectif n’était plus de transporter des passagers en sécurité, mais de faire des profits à très court terme. En effet, créer une compagnie ne pose plus de difficulté, tout pouvant être acquis en leasing - des équipements de bureaux, aux avions - quant à l’entretien, il est facile de le sous-traiter. Dès les premiers obstacles, il suffit de procéder à de drastiques réductions du personnel, puis, si la dégradation est irréversible, de mettre les clés sous la porte, après avoir lésé des milliers de passagers, tant sur la qualité du produit que sur la sécurité.