Tuesday, January 18, 2005

L'art est-il aussi aveugle ?

Louis-Ferdinand Céline était antisémite.
Martin Heidegger a plus que flirté avec le nazisme.
Des dizaines d'artistes, de stars, d'écrivains sont des mysogines de la pire espèce, et ont fait subir le martyr à leurs compagnes.
Et pourtant, ces hommes là, aux opinions ou aux actes que l'on dénonce chez les autres, sont toujours admirés, acclamés, célébrés.
Qui dans son entourage accepterait de passer une soirée délicieuse en compagnie d'un personnage dont il connait les opinions racistes ?
Qui ferait l'éloge d'un collège de travail efficace et intelligent en sachant qu'il est un antisémite de première classe ?
Qui se sentirait des affinités artistiques avec un homme ou une femme doué pour l'art, en sachant que cette personne est profondément raciste ou antisémite ?
Qui trouverait un collègue de bureau ou un ami génial parce qu'il est toujours serviable et prévenant, alors que ce collègue ou ami fait de la vie de sa femme un enfer ?
Le Pen vient de déclarer que "l'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine", et que "la gestapo était une police protectrice". Tout le monde lui tombe dessus. ( A juste titre bien sûr).
Peut-on comdamner Le Pen à cause de ses propos et faire l'impasse sur les racistes qu'on cotoye tous les jours, et même plus, leur faire des compliments ?
L'argument pour continuer à admirer Céline et les autres, est de dire qu'un écrivain ou un artiste n'est pas réductible à ses opinions. C'est supposer que tous les autres êtres humains qu'on comdamne pour racisme ou antisémitisme sont réductibles à leurs opinions. Penser cela, c'est faire injure à tous les êtres humains, et à leurs vie et potentialités intérieures.
J'ai toujours eu du mal, beaucoup de mal avec les artistes ou écrivains racistes, antisémites, mysogines ou xénophobes. Chez un homme artiste de grand talent et raciste, je parlerai toujours du raciste. Je préfère toujours la dignité d'un pauvre quidam que le talent fût-il immense d'un raciste.