Thursday, December 30, 2004

Les deux poids des images

Suite à un billet de Tarquine sur les photos d'enfants morts dans le tsunami en Asie du Sud-est, et diffusées sur le site web du Monde, j'avais laissé un commentaire que je reprend ici, un peu modifié.

Il n'échappe à personne que ceux qui doivent dicter les règles de ce que doit être le journalisme, c'est les grosses machines médiatiques occidentales. Elles donnent des leçons aux autres médias, notamment et surtout à Al-Jazira. Mais ces règles là sont maléables à souhait. Ceci est particulièrement vrai concernant le débat "Quoi montrer ( télé, photos, vidéos sur le net) et quoi ne pas montrer". Mais, selon que ce soit Le Monde qui publie les photos d'enfants tués dans une catastrophe naturelle ou Al-Jazira qui diffuse les photos d'enfants déchiquetés par les bombes US, la perception des journalistes ( et des pseudo-intellos, et des politiques ) n'est pas la même. On tape (Le Monde tape) sur Al-Jazira depuis des mois à cause de photos de la guerre en Irak qu'elle montre et voilà que Le Monde fait la même chose. Mais il faut les comprendre, il ne faut pas montrer les photos d'enfants, de vieillards tués par les américains, ce n'est pas bien voyons. Les USA c'est une démocratie ( sic) et les américains sont nos alliés. Il ne faut pas salir une démocratie. Et puis boff .. montrer le cadavres des enfants asiatiques, c'est un peu leur "rendre hommage" ( ironie ) car ils ont quand même une vie de misère dans ce côté-là de la plantète, alors pensez-vous, ils passent à la télé et font la Une du Monde. Et comme a dit Tarquine ... Vont-ils nous montrer les cadavres des victimes françaises ?
Apparament dans les commentaires, revient toujours cette question qui semble poser problème ( elle ne m'a jamais posé problème ) : "Le reporter doit-il s'arrêter de reporter pour aider ou bien continuer à reporter ? " La réponse est on ne peut plus simple et même si évidente qu'on ne devrait jamais se la poser sans tomber dans l'indécence. Il suffit de se mettre à la place des victimes ou des parents des victimes. Si cela nous arrivait : l'enfant de l'un de nous en train de se noyer, que voudrions nous ? Un reportage sur sa noyade sur France2 ou TF1 ou bien son sauvetage et au diable le reportage ? "Tenez madame, je vous ai fait graver un DVD du reportage sur la noyade de votre fille, et il y a même un bonus - le making of ainsi que les images de la noyade d'autres enfants. Je n'ai pas pu la sauver car je devais faire mon boulot. Il fallait absolument des images "choc" pou le bouclage du 20h". Sinon, combien vaut la vie d'un enfant thai ? Dix points d'audience ? Une diffusion augmentée de dix mille exemplaires ? Un prix "Photo AFP" ?

A lire sur la catastrophe [Via Le portail de copains] :
L'eau qui dort : Tsunami d’Asie : au bout de l’indécence ? ; je ne résiste pas à citer cette phrase : "Avoir la chance d’être friqué et mourir avec les pauvres, c’est honteux de montrer ça !"
L'homme moderne :
La mer a saccagé notre terrain de jeux