Tuesday, September 25, 2007

Concert El Gusto à Bercy


Après Marseille, El Gusto se produira à Paris à Bercy le samedi 29 septembre, dans le cadre du programme du Ramadan de la Mairie de Paris. En début de soirée, un groupe traditionnel tunisien d'inspiration soufiste El Hadra.

Aucune raison de ne pas y aller car c'est gratuit.
Les places sont à retirer à l'Hôtel de Ville à Paris et ce jusqu'à vendredi soir.
Pour ceux qui ne peuvent pas venir à Bercy, il reste Londres le 10 octobre, Berlin le 31 octobre et New York en 2008.

Comment est né "El Gusto" ?
Safinez Bousbia, une jeune algéro-irlandaise, est à l'origine de ce projet à plusieurs tiroirs, baptisé "El Gusto" - la bonne humeur dans le parler algérois. Au cours d'une balade dans la Casbah il y a trois ans, la jeune femme fait la rencontre d'un musicien: Il lui parle tant et si bien de cette musique, née à la fin du 19e siècle et qui connut son heure de gloire dans les années 1940-1960, qu'elle décide de partir en quête des hommes qui l'ont façonnée mais que l'Histoire a séparés."Je voulais simplement les remettre en relation. Ensuite est née l'idée du film et de l'album", dit-elle. Une aventure semblable à celle du Buena Vista Social Club de Cuba. (AFP)

Un peu d'histoire : Le Châabi, Blues de la Casbah ?
Le chaâbi, c’est ce style de musique populaire qui a pris son autonomie,puis son envol au début du vingtième siècle. Inspiré de la musique andalouse dont il a adopté certaines structures mélodiques. Mais si l'andalou se distingue par des formes et des mélodies savantes, inclinant vers l’apaisement, le chaâbi se vit et se chante comme un blues, au final toujours festif, prenant des libertés avec les figures imposées et exprimant le doute, l’amour sublimé ou contrarié, l’angoisse et les affres existentielles au quotidien. Les textes, fondés sur des proverbes d’hier et des maximes d’aujourd’hui, évoquent des situations proches du réel et des préoccupations du peuple tandis que les instruments (mandole, banjo, piano...) indiquent des intentions modernistes. Littéralement, le terme chaâbi signifie populaire et, de fait, il renvoie, sans exclusive, à tous les arts populaires, y compris les genres musicaux régionaux. Ici, il désigne un mode d’expression populaire citadin spécifique à Alger. Le chaâbi a jailli dans la basse Casbah d’Alger, en écho à une conjonction d’éléments socioculturels, économiques et politiques.

Nommé au début chaâbi-malhûn, car les poèmes composés sur ce registre étaient destinés à être chantés, le genre algérois a également beaucoup puisé dans le répertoire du malhûn dont le corpus est l’oeuvre d’artisans marocains. L’un des plus grands auteurs de qaçida fut Sidi Lakhdar Benkhlouf, natif de Mostaganem, ville de l’ouest algérien sensible aussi au chaâbi, et ses très longues strophes, en arabe dialectal, rappellent souvent les gloires du passé pour consoler de l’humiliation présente mais ne manquent pas d’embrasser tous les genres poétiques, du ghazal (amour) au madîh (religieux), en passant par le hidja (satirique) et le ritha (élégiaque). D’autres comme M’Barek Ben Latbak, El Hadj Aïssa ou Ahmed Ben Triki ont influencé de nombreux maîtres du chaâbi. Parmi ces derniers, le plus prestigieux reste El Hadj M’Hamed El Anka, disparu en 1978. C’est lui qui a octroyé au chaâbi ses règles encore en vigueur à Alger. Pour éviter la monotonie, le fameux maître a utilisé le procédé bayt wa siyâh qui offre un choix de plusieurs thèmes mélodiques et rythmiques, traversés par des ornementations instrumentales, pour accompagner le chant.
Le bayt signifie un vers de poésie mais devient, au sein de la qaçida, un couplet de vers chantés, accompagné d’instruments à cordes (mandole, banjo, guitare et piano), à vent (violon et flûte) et à percussion (derbouka et tambourin pourvu de cymbalettes). Le siyâh, ou istikhbâr, représente le prélude vocal et instrumental. Tout commence par un solo instrumental qui permet de donner la couleur du mode (tab’, échelle modale), ensuite le chanteur entame l’interprétation du premier hémistiche du premier vers de l’istikhbâr auquel répond, en solo, un deuxième instrument, puis il reprend, à nouveau, le premier hémistiche suivi d’un deuxième sur fond d’un troisième instrument. Ainsi, l’istikhbâr revient au début de chaque couplet sur un mode différent. Sa fonction consiste à la fois à chauffer la voix et à préparer l’auditoire au thème général de la qaçida.
Depuis les années 50 à nos jours, le chaâbi a été enrichi par de nombreux apports et, surtout, bénéficié de nouvelles compositions. Outre El Anka et Hadj M’Rizek, les plus créatifs sont El Hachemi Guerouabi, Amar El Achab, Dahmane El Harrachi, auteur de " Ya Rayah ", succès international depuis sa reprise par Rachid Taha.
(D'après un texte de Rabah Mezouane que je me suis permis d'adapter)

Blur, Gorrillaz et El Gusto

Un premier album d'El Gusto sortira en octobre, et il sera produit par Damon Albarn. Un film suivra au printemps 2008.
Interview (pdf) de Damon Albarn dans El Watan

Enfin, le site de Quidam Production (de l'équipe du projet) est incontournable pour voir des extraits vidéos, des interviews, entendre des extraits audios, des enregistrements d'intervews et lire le dossier de presse.
El Gusto sera demain soir (jeudi 27) sur "Ce soir ou jamais" sur France 3

Donc, rdv à Bercy. :-)