Friday, April 27, 2007

Cité par des blogueurs influents (sic) tels que Pierre Assouline... bla bla bla...

S'il y a une expression que je déteste dans le monde des blogs c'est bien celle de "blogueur influent". Je rappelle qu'idéalement, au début, il y a longtemps de cela, c'est à dire vers 2002 quand on a commencé à parler de "journalisme citoyen" et de "cinquième pouvoir", les blogs étaient censés représenté une nouvelle façon d'informer et notamment permettre de s'affranchir des experts et autres spécialistes médiatiques, et d'envoyer paître les "journalistes et commentateurs influents". On ne va se débarasser des journalistes influents pour tomber dans les bras de blogueurs influents quand même. Et en fin de compte, les "blogueurs influents" n'influencent que ceux qui veulent bien être influencés.
Alors quand ces "blogueurs influents" sont aussi des "journalistes influents", on dépasse carrément la dose (d'influence) prescrite.
Ceci pour arriver au fait que Le Monde continue de nous jouer sa jolie partition de manipulation (voir içi). Concernant le livre de Serge Portelli, Ruptures, qui traite du bilan de Nicolas Sarkozy au ministère de l'intérieur, que les éditions Michalon ont refusé de publier - ils ont leurs raisons - et que l'Harmathan va publier le 3 mai (suite au grand buzz sur le net ?), l'article du Monde nous dit que Pierre Assouline (et d'autres blogueurs influents) avait cité le livre de Portelli. Sauf que Pierre Assouline dans son blog ne parle pas du tout du contenu du livre, mais tout le billet est consacré à dénoncer (avec beaucoup de pédagogie (sic) - petit cours sur le fonctionnement du monde de l'édition) la paranoïa de Serge Portelli et de la blogosphère qui parle de censure du livre, bien sûr de la part de Sarkozy. Et voiçi Assouline en train de nous expliquer comment on doit voir les choses : (...) Il est vrai qu’on ne prête qu’aux riches, mais tout de même ! Le casier virtuellement judiciaire du Sarkocenseur n’est-il pas suffisamment lourd pour qu’il soit inutile d’en rajouter ? Après quelques affaires où l’interventionnisme du ministre de l’Intérieur dans la sphère médiatique et éditoriale fut avérée, une rumeur de censure circule actuellement sur la Toile, rumeur dont le candidat UMP est bien entendu la cible. Ce ne serait pas émouvant outre mesure, surtout pour ceux (j’en suis) qui pointent depuis longtemps sa dangerosité, si l’insinuation, voire l’accusation, ne reflétaient une large ignorance des pratiques habituelles de l’édition. Reprenons donc. (...). Et il conclut son billet :(...) Si l’éditeur avait voulu “censurer” l’auteur, il aurait commencé par ne pas le rencontrer et ne pas le lire, tout simplement. C’eut été la première des “censures”. S’il renonce aujourd’hui, c’est qu’il n’y croit plus, voilà tout. Pour une fois, si on laissait “la main cachée” là où elle est ? (...)
Il a raison, reprenons donc. Tout est contre Sarkozy. Plein faits avérés nous pousseraient plus à douter de Sarkozy et nous ferait plus pencher à retenir la thèse de la censure que celle qu'Assouline veut bien nous servir. Listons : le directeur d'un grand hebdomadaire, Paris-Match viré sur demande de Sarkozy. Le directeur (Joseph Macé-Scaron) d'un autre hebdomadaire, le Figaro menacé ( "On te cassera") et viré pour n'avoir pas voulu s'aligner sur Sarkozy. Un livre sur Cécilia Sarkozy passé au pilon après menaces de Nicolas Sarkozy. Une affaire d'abus de biens sociaux (appartement àNeuilly) qui fait très peu de vagues. Des journalistes de France 3 menacés par Sarkozy. Sarkozy appellant Edouard de Rotschild au telephone et qualifiant Libération de "journal de merde". Sans oublier toutes les autres manipulations et intimidations. Avec tout ça, la logique voudrait qu'on pense plus à une censure qu'à une paranoïa de l'auteur, mais pas Assouline.
Depuis le billet d'Assouline, on en a appris d'autre sur Sarkozy et ses manipulations. Proposition d'un pacte anti-Chirac à Bayrou. Manoeuvres pour empêcher le débat Royal-Bayrou. Dans un article de Libération, on apprend qu'un économiste ayant remis en cause la validité de la défiscalisation des heures supplémentaires dans la lutte contre le chômage (programme de Sarkozy) reçoit un sms du directeur de campagne de Sarkozy lui disant "On s'en souviendra".

Sinon, Le Monde publie un article (élogieux?) sur les métamorphoses de Nicolas Sarkozy.Il n'en finit pas de changer Nicolas.

PS. Je me pose une question totalement subsidiaire : sur quel critère le billet d'Assouline a été cité dans le rézo ? :-)