Le militantisme socialiste n'est plus ce qu'il était
Article du Monde : "D'anciens membres de cabinets socialistes prônent une alliance avec Bayrou".
Ces anciens membres signent un appel dans Le Point (sous le pseudonyme collectif des Gracques), et disent vouloir "jeter des passerelles pour que demain un rapprochement soit possible entre Ségolène Royal et François Bayrou". La plupart des membres de ce collectif restent anonymes, mais Le Monde croit savoir qui sont certains : (...) Parmi ces militants socialistes de longue date, de sensibilité delorienne et strauss-kahnienne, figurent notamment, selon nos informations, Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin à Matignon ; Denis Olivennes, PDG de la FNAC ; Bernard Spitz, maître des requêtes au Conseil d'Etat ; Matthieu Pigasse, ancien directeur adjoint du cabinet de Laurent Fabius à Bercy, actuellement associé gérant à la banque Lazard ; Guillaume Hannezo, ancien membre du cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère de l'économie et conseiller économique de François Mitterrand à l'Elysée, qui a été également directeur adjoint de Vivendi Universal ; et Ariane Obolensky, ancienne conseillère au cabinet de Michel Rocard à Matignon et membre du Comité des établissements de crédit et entreprises d'investissement (Cecei). Ils plaident pour "une alliance voulue entre partenaires". (...) [Ca explique pourquoi la gauche quand elle est au pouvoir ne fait pas une politique de gauche - Ceci dit, voter à gauche en 2007 s'impose malgré tout]
Je ne sais pas si certains de vous ont lu le livre de François Cusset, La Décénie, le grand cauchemar des années 1980, mais voilà ce qu'il dit dans son introduction (pdf) à propos du glissement idéologique que la gauche a commencé à opérer à partir du début des années quatre-vingts :
(...) On est passé en effet, en quelques années, de la détestation des puissants à la passion du pouvoir, du non systématique de la contestation au oui extatique de l'assentiment, de la candeur et de l'intransigeance d'un soulèvement imminent aux postures et aux impostures d'un apaisement servile. On est passé du combat égalitariste à l'offensive pure et simple contre l'égalité, de la critique radicale à l'éloge du fait accompli, du conflit permanent au consensus béat (...)
Là, on arrive à la fin de ce processus : pensée tiède et consensus mou, car idéologiquement François Baryou ne fait pas le moindre pas vers la gauche. Le glissement est celui des soit-disant socialistes (je ne dis pas "militants de gauche" car il faut pas abuser non plus) vers la droite, là où Bayrou reste bien enraciné.
Interview de François Cusset dans Libération
Un article dans Télérama
Le livre de François Cusset est à lire absolument, quoiqu'en dise Télérama. :-)
Ces anciens membres signent un appel dans Le Point (sous le pseudonyme collectif des Gracques), et disent vouloir "jeter des passerelles pour que demain un rapprochement soit possible entre Ségolène Royal et François Bayrou". La plupart des membres de ce collectif restent anonymes, mais Le Monde croit savoir qui sont certains : (...) Parmi ces militants socialistes de longue date, de sensibilité delorienne et strauss-kahnienne, figurent notamment, selon nos informations, Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin à Matignon ; Denis Olivennes, PDG de la FNAC ; Bernard Spitz, maître des requêtes au Conseil d'Etat ; Matthieu Pigasse, ancien directeur adjoint du cabinet de Laurent Fabius à Bercy, actuellement associé gérant à la banque Lazard ; Guillaume Hannezo, ancien membre du cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère de l'économie et conseiller économique de François Mitterrand à l'Elysée, qui a été également directeur adjoint de Vivendi Universal ; et Ariane Obolensky, ancienne conseillère au cabinet de Michel Rocard à Matignon et membre du Comité des établissements de crédit et entreprises d'investissement (Cecei). Ils plaident pour "une alliance voulue entre partenaires". (...) [Ca explique pourquoi la gauche quand elle est au pouvoir ne fait pas une politique de gauche - Ceci dit, voter à gauche en 2007 s'impose malgré tout]
Je ne sais pas si certains de vous ont lu le livre de François Cusset, La Décénie, le grand cauchemar des années 1980, mais voilà ce qu'il dit dans son introduction (pdf) à propos du glissement idéologique que la gauche a commencé à opérer à partir du début des années quatre-vingts :
(...) On est passé en effet, en quelques années, de la détestation des puissants à la passion du pouvoir, du non systématique de la contestation au oui extatique de l'assentiment, de la candeur et de l'intransigeance d'un soulèvement imminent aux postures et aux impostures d'un apaisement servile. On est passé du combat égalitariste à l'offensive pure et simple contre l'égalité, de la critique radicale à l'éloge du fait accompli, du conflit permanent au consensus béat (...)
Là, on arrive à la fin de ce processus : pensée tiède et consensus mou, car idéologiquement François Baryou ne fait pas le moindre pas vers la gauche. Le glissement est celui des soit-disant socialistes (je ne dis pas "militants de gauche" car il faut pas abuser non plus) vers la droite, là où Bayrou reste bien enraciné.
Interview de François Cusset dans Libération
Un article dans Télérama
Le livre de François Cusset est à lire absolument, quoiqu'en dise Télérama. :-)
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