Saturday, September 11, 2004

Comment naissent les terroristes

Un conte oriental
Il était un pays d'Orient comme il en existe dans les mille et une nuits, un pays à l'histoire et à la civilisation plus de deux fois millenaire. Un pays qui a nourrit tous les rêves d'orient magique et envoutant. Au 20ième siècle ce pays se découvre une nouvelle richesse : l'or noir. Depuis il n'a cessé d'attirer les convoitises des compagnies pétrolières qui avides gains faramineux n'hésitaient devant rien pour contrôler ces richesses si prometteuses. On commençait déjà à se poser la question : cet or noir était-ce vraiment une richesse ou une damnation ?
Au début des années 50, ce pays avait un premier ministre patriote, intègre, qui voulait que les richesses de son pays profitent avant tout au bien-être de son peuple. Après avoir appris les malversations ourdies contre son pays par la compagnie pétrolière Anglo-Iranian Petroleum, il décida de nationaliser le pétrole iranien. Ce fût le commencement de la fin :
(...) Nationaliste farouche, le Premier ministre avait rejeté une proposition de l'Anglo-Iranian Petroleum de partager pour moitié les profits tirés de l'exploitation du pétrole. Ils lui reprochent surtout d'avoir nationalisé les compagnies pétrolières qui exploitent les gisements iraniens le 1er mai 1951, peu après sa prise de fonctions. (...)
(...) Des experts français ayant révélé les colossales malversations de l'Anglo-Iranian : corruption massive, dissimulation de recettes,... Mossadegh rompt les relations diplomatiques avec Londres.(...)
(...) La réaction internationale est immédiate : les marchés se ferment au pétrole iranien, occasionnant une grave crise dans le pays et un conflit aigu entre le Premier ministre et le souverain, Reza chah Pahlavi (33 ans).(...)

Acculé à la démission par le Shah ( sous la pression des britanniques ), le premier ministre iranien, Mossadegh, revient au pouvoir grace au soutien du peuple. Il échappe à une tentative d'assasinat ourdie par le Shah en mars 1953. Après un référendum qui le conforte dans sa politique, débutent les grandes manoeuvres :
(... )Mais le 16 août 1953, Reza chah envoie ses gardes au domicile de son Premier ministre pour l'arrêter. Surprise ! les gardes de Mossadegh désarment les gardes du roi... et ce dernier doit fuir son pays pour l'Italie dans la précipitation.Dans les deux jours qui suivent, les habitants de Téhéran manifestent bruyamment leur joie et déboulonnent les statues du chah et de son père, Mohammed Reza, le fondateur de la dynastie.Le chah déchu peut heureusement faire confiance aux services secrets occidentaux. La CIA étasunienne et le M16 britannique apportent leur soutien au général Fazlollah Zahedi et organisent le jour suivant un coup d'État dans les règles.(...)
(...) La résidence de Mossadegh est bombardée et le Premier ministre ne doit son salut qu'à une fuite par une échelle.(...)
(...) Les compagnies pétrolières retrouvent leurs biens et tout rentre dans l'ordre !L'éviction de Mossadegh consacre l'échec de la première tentative d'un pays du tiers monde d'acquérir la maîtrise de ses richesses naturelles.L'événement a nourri de profonds ressentiments chez les Iraniens jusqu'à la révolution islamiste de 1978. (...)

Cet épisode fût l'acte de naissance de ce qui sera appellé plus tard le terrorisme islamiste intégriste.

Le Shah, avec l'aide des britanniques et surtout des américains vont pendant des années continuer à nourrir ce petit bébé.
Le Shah ouvrant les portes de pétrole à toutes les compagnies US, devient le plus grand allié (avec Israel) des Etats-Unis dans la région.
Pendant que le Shah et son impératrice se pavanaient dans les palaces monegasques avec leur milliards de dollars dans les banques suisses et qu'ils faisaient la couverture de Paris-Match, les opposants iraniens, ceux qui luttaient pour la démocratie, la liberté, n'avaient pour seule couverture que leur peau sur leurs os. Entre les mains de la SAVAK, la police politique du Shah, créée, bien entrainée et conseillée par la CIA, ils subissaient les pires tortures.
La mission principale de la SAVAK était de supprimer tous les opposants au Shah. Pour cela, elle usait de tous les moyens de torture possibles. Toutes les organisations sociales, syndicats d'ouvriers, associations d'étudiants étaient étroitement surveillées et réprimées. Tout cela sous le contrôle de la CIA et des divers gouvernements US successifs. Mais en Occident, le Shah était un visionnaire, un homme qui a modernisé son pays, qui emmenait le pays vers le modèle occidental. Vraiment ? La torture, les exactions, la répression, c'est ça le modèle occidental ?
L'Iran était devenu le gendarme du golf à la solde des américains. Le protecteur de leurs intérêts stratégiques. Et dans tout ça quid du peuple iranien, de la liberté pour le peuple iranien, de la démocratie pour le peuple iranien. L'Oncle Sam n'en avait cure. Pétrole, pétrole et pétrole.

Mais pendant tout ce temps là, le bébé a grandi, il a grossi, bien nourri par les arrestations arbitraires, les tortures, les disparitions, les assassinats. Puis, il est devenu grand, il a commencé à dire aux iraniens : moi, je vais vous débarasser de ce tyran, de ce dictateur. Est apparu enfin Khomeyni. Il faut pas s'y tromper, Khomeyni a été applaudi par plein de gens en occident quand le Shah a été renversé, avant qu'il ne s'aperçoivent de sa vraie nature.
Quand on torture, tue, reprime, supprime, tyrannise pendant plus de 25 ans avec le soutien des Etats-Unis, qu'on vienne pas se plaindre que la bête qu'on a nourrit vienne vous mordre.

Des années après la chute du shah, on continue en occident à présenter le shah et son impérattrice comme étant des gens raffinés, nobles, etc... et à se lamenter de la disparition de cette époque ancienne qu'était l'Iran des Pahlavi. Je ne trouve rien de plus obcène.

Alors quand je lis ça et là que le Etats-Unis n'ont rien à voir avec les terroristes, j'ai envie d'enfermer ceux qui racontent ça pendant un mois à la BNF section "Histoire du Moyen Orient". Le Etats-Unis ont crée Ben Laden. Ca tout le monde le sait. Mais ils ont aussi crée l'Iran islamiste. L'Iran islamiste qui a été le début de tous les islamistes radicaux.
Ils (les USA) ont aussi soutenu ceux qui tuaient en Algérie. En 1993, quand les islamistes ont commencé à tuer en Algérie, certains de leurs dirigeants se sont exilés à Londres ou Washington ou ils ont été acceuilis avec des statuts de diplomates. Ils ont pu ainsi continuer à diriger les assassinats en Algérie, récolter des fonds, acheter des armes, etc... Ils ne sont devenus persona non grata que quand les américains ont vu que l'armée algérienne gagnaient la bataille contre les islamistes.

Je suis toujours étonné de voir l'étonnement des gens quand ils voient qu'un tyran se comporte comme un tyran, qu'un tortionnaire torture, qu'un assassin assassine. Je suis encore plus étonné par leur indignation. Je suis étonné car souvent ces mêmes personnes ne réagissent pas quand un démocrate ( ou ceux qu'ils croient fermement être un démocrate - ou qui se présente comme tel ) torture, assassine, vole. Et surtout je suis étonné par leur manque d'indignation, ou de leur tiède indignation.

Je n'ai jamais été étonné que Saddam torture. Je ne peux même pas m'indigner d'apprendre qu'en Iran on torture aussi. Parce que l'existance même de Saddam ou des mollahs iraniens m'indigne, alors tout ce qu'ils font m'indigne aussi. Dans ce genre de régime, je sais par avance que tout opposition est réprimée, que tout opposant risque d'être tué.
Par contre, je suis profondément indigné, outré, révolté, quand les représantants de ce qu'on nous présente comme la première démocratie du monde, à savoir les Etats-Unis, torture...et tout ça avec le soutien et l'approbation des gouvernants. Dans une démocratie, je ne m'attends jamais à ce qu'on respecte pas le droit, à ce qu'on attaque et occupe un pays illégalement, à ce qu'on encourage la torture.
J'ai horreur des indignations qui font "chic", des indignations de Paris-Match, des indignations de gala (pas le magazine).