Saturday, March 31, 2007

Collection "Harlequin Sciences Humaines"

Après Philipp Val devenu philosophe, c'est au tour de Daniela Lumbroso de sortir un livre sur Françoise Dolto.
Du coup la célèbre collection Harlequin a décidé de lancer une collection "Sciences Humaines" où figureront, notamment, la prochaine biographie d'Arthur Miller par Jean Amadou, un livre sur Freud par Bataille et Fontaine dont j'ai déjà pu avoir le titre :"Freud, un malaise dans la civilisation". Il y aura aussi, un commentaire totalement à contre courant sur l'oeuvre de Hegel par Jean-Luc Delarue, sans oublier une biographie inédite d'Adam Smith par Jean-Pierre Pernaut.
Après tout, pourquoi pas. Laure Adler a bien écrit un livre sur Anna Arendt (je sais, je suis très méchant). :-)

Au fait, Daniela Lumbroso ne s'est elle pas trompé ? Elle voulait écrire un livre sur Carlos peut-être, non ?

Thursday, March 29, 2007

L'hystérie comme politique

Quand on lit ces témoignages suite aux heurts survenus hier à la Gare du Nord, on ne comprend pas pourquoi les gens ne comprennent pas (en lisant les différentes réactions des lecteurs aux articles du Monde et Libération) que ça soit la politique de Sarkozy depuis 4 ans au ministère de l'intérieur qui est à mettre en cause.
Je ne sais combien de lois sécuritaires ont été votées. Cinq, six, sept, ... dix ? Pour quel résultat ? Le but était bien de faire peur, non ? Quadriller le paysage avec des lois tellement répressives que les délinquants y réfléchiraient à deux fois avant de se lancer. Les petits délinquants ou même simplement voyoux surtout. Vu ce qui est arrivé hier, il est évident que non seulement ce n'est pas le cas, mais qu'au moindre "incident", les "jeunes" n'hésitent pas à aller à la confrontation, et ils y vont. Le simple français (à l'identité nationale bien évidente) faisant confiance à Sarkozy irait tranquillement prendre son train en plein milieu de la Capitale tout rassuré par les lois mises en place pour le protéger et lui assurer une plus grande sécurité. Quelle desillusion ! Bien sûr, Sarkozy lui répondra (il a toujours une réponse à toute situation) que c'est justement pour ça qu'il faut voter pour lui. Il n'a pas eu assez de temps pour bien serrer les vis. Sauf qu'à trop vouloir serrer les vis, le filetage a foutu le camp. Et on a beau essayer de serrer, sans filetage, on tourne dans le vide. Les signes de ce "tournage" à vide sont de plus en plus évidents.

J'ai beaucoup de choses à redire sur Edwy Plenel , mais je dois reconnaitre qu'il décrit très bien le futur (le danger) sarkozien (probable).


Sans oublier de relire ce que Baudrillard écrivait en novembre 2005 après les émeutes des banlieues :

(...) La première conclusion ­ et ceci annule toutes les homélies et les discours actuels ­ c'est qu'une société elle-même en voie de désintégration n'a aucune chance de pouvoir intégrer ses immigrés, puisqu'ils sont à la fois le résultat et l'analyseur sauvage de cette désintégration. (...)
(...) La vérité inacceptable est là : c'est nous qui n'intégrons même plus nos propres valeurs et, du coup, faute de les assumer, il ne nous reste plus qu'à les refiler aux autres de gré ou de force. (...)
(...) Nous ne sommes plus en mesure de proposer quoi que ce soit en termes d'intégration ­ d'ailleurs, l'intégration à quoi ? ­, nous sommes le triste exemple d'une intégration «réussie», celle d'un mode de vie totalement banalisé, technique et confortable, sur lequel nous prenons bien soin de ne plus nous interroger. Donc, parler d'intégration au nom d'une définition introuvable de la France, c'est tout simplement pour les Français rêver désespérément de leur propre intégration. (...)
Nique ta mère

Iran - Grande Bretagne : Otages ?


Sur Yahoo.fr : "Otages" britanniques" qu'ils disent. Il n'y a que la parole du gouvernement anglais qui compte. Les iraniens sont forcément des menteurs.
Pourtant si on regrade sur les cinq dernières années (et je suis gentil), le plus gros menteur c'est bien Tony Blair. Aves des centaines de milliers de morts à la clé.

Travailleur, manage-toi

Ce billet de Swâmi Petaramesh me fait penser au livre de Vincent de Gaujelac, "La société malade de la gestion". Un ancien billet d'Agnès aussi d'ailleurs. Je me rends compte que cela fait déjà un an. Dire que je voulais bloguer quelque chose sur le sujet à l'époque. C'est un luxe que seul un bloggeur peut se permettre : laisser les choses arriver et donner l'impulsion.
Il y a un an bloguer sur le billet d'Agnès et le livre de Gaujelac signifiait que je devais me farcir des extraits du livre à taper, alors que là je fais le minimum : Poster des extraits d'une interview (datée du 1er Mars 2007) de Gaujelac sur laquelle je suis tombé il y a quelques jours. Comme quoi le hasard fait bien les choses.

Présentation de l'interview :
(...) Portrait d’une société contaminée par l’idéologie managériale. Pénétrant tous les recoins de la vie sociale et productive, la gestion n’a cessé d’instiller des valeurs et un art de vivre "hyperbourgeois" fondés sur l’argent, la "lutte des places" et la course à la reconnaissance. (...)

Extraits :
(...) Vous avez alors la nature profonde de ce nouveau type de pouvoir qui se met en place dans les entreprises mais aussi ailleurs : "C’est pour une bonne part comme force de production que la psyché est investie de rapport de pouvoir et de domination, la psyché ne devient force utile que si elle est à la fois énergie productive et énergie assujettie". Prenons l’exemple du management par objectif. C’est un mode de management où on vous donne des obligations de résultat sous forme d’objectifs et vous devez vous mobiliser pour les atteindre mais on ne vous dit pas comment faire. Vous avez donc une mobilisation psychique des individus et c’est ce qui explique ce sentiment que les gens n’en font jamais assez, car les résultats attendus montent toujours. La servitude change de nature puisque l’essentiel du pouvoir est de produire l’adhésion à l’entreprise, à ses valeurs et ses objectifs, aux exigences de l’organisation. A l’American Express par exemple, le système d’évaluation met les employés en tension psychique permanente pour réaliser les résultats. On vous donne comme d’objectif d’atteindre 100, en chiffres d’affaires par exemple ; si vous faites 100 on dit que vous êtes moyen, vous avez une note C sur une échelle allant de A à E mais ce que l’on attend de vous, c’est que vous ayez B, above expectations, au-delà des attentes. Et il faut toujours être au-delà des attentes. L’année d’après, la nouvelle base 100 équivaut à 110 de l’année précédente et donc, above expectations, devient 120. On est dans l’exigence du toujours mieux, du toujours plus, du zéro défaut, de la qualité totale ... Le système de pouvoir met en tension psychique les individus.

Un autre aspect de ce pouvoir est de soumettre en permanence les individus à des exigences paradoxales. Vous avez une obligation de résultats sans qu’il y ait pour autant les moyens d’aboutir à ces résultats. Par exemple, dans le management par projet, on vous donne un projet à réaliser mais c’est à vous de mobiliser les ressources qui sont nécessaires, ce qui fait que vous devez en quelques sorte prendre les ressources à vos collègues. Vous êtes dans la même organisation et c’est comme si vous étiez en concurrence avec tous les autres, et la réussite d’un projet pour l’un se marque, se paye à un moment donné de l’échec des autres d’une certaine façon. C’est aussi un autre aspect de ce que l’on a appelé la lutte des places [1], c’est-à-dire l’hypothèse selon laquelle ce mode de pouvoir fait éclater les structures anciennes, en particulier en termes de hiérarchie organisationnelle, les cultures de métier, de groupes sociaux également. Cela individualise les performances, il faut être polyvalent, polyfonctionnel, les syndicats n’ont plus de prise.

Cette lutte de places est liée à ce que chaque individu est renvoyé à lui-même pour affronter la compétition, soit du côté flamboyant pour obtenir les meilleures places soit du côté plus négatif pour lutter contre l’exclusion, pour ne pas se retrouver sans place. L’exclusion définit ceux qui sont sans travail, les inactifs, les sans logement, sans papiers, sans revenus, les précaires, etc ... Ces bataillons ne constituent pas un prolétariat qui lutte pour changer l’ordre social comme au temps du capitalisme industriel, mais une collection d’individus qui lutte pour avoir une place quelque part, être reconnus, pouvoir vivre. La lutte des places se substitue pour partie à la lutte des classes, c’est-à-dire que l’essentiel de la mobilisation des individus est consacrée à trouver une place dans la société. (...)

(...) Une des caractéristiques de cette nouvelle forme de pouvoir est de mettre les gens dans des paradoxes, et le paradoxe c’est justement que tout cela n’a pas de sens. Un exemple, à la Poste, on instaure des challenges pour "booster" les guichetiers et instaurer un avancement au mérite. Une guichetière raconte qu’elle a vendu mille timbres, il y en avait besoin pour une fête d’école. Donc elle gagne le challenge, il s’agissait d’un VTT, et elle dit : "J’ai honte d’avoir gagné car je n’y suis pour rien, ce n’est pas mon mérite donc cela n’a pas de sens qu’on me récompense de cette façon là" [3]. Dans le monde du travail d’aujourd’hui les gens ressentent une déconnexion entre les raisons qu’ils donnent de la valeur qu’ils accordent à leur travail et les mécanismes d’évaluation qui aboutissent ou non à une prime, un avancement, une augmentation de salaire ... Il y a donc bien perte de sens. (...)

Lire toute l'interview (fortement recommandé)

Tuesday, March 27, 2007

Tony Blair : La foi d'un irréductible

Tony Blair : (...) les autorités iraniennes doivent comprendre que l’on ne peut avoir une situation où nos hommes et femmes sont appréhendés alors qu’ils se trouvent dans les eaux territoriales irakiennes dans le cadre d’un mandat de l’ONU (…) puis qu’ils sont effectivement capturés et emmenés en Iran. (...)

Sacré Tony!! Le seul homme au monde à encore croire à ses mensonges.

Démocratie universelle



(...) Aujourd’hui comme hier, pourtant, l’élection présidentielle est la caricature de la démocratie. Elle la ramène au modèle économique qui gouverne notre monde, la loi de la prétendue concurrence au service du « choix rationnel » des individus. Le pouvoir d’intelligence de chacun et le pouvoir de décision collectif sont censés s’y exercer en choisissant un individu doué de vertus exactement antagoniques : représentant de son parti et indépendant à l’égard des partis, penché à l’écoute de nos « problèmes » et capable de nous imposer les lois de la science gouvernementale.
Ils sont censés valider en même temps un charisme personnel et la rationalité d’un programme, fabriqué sur la base des petits bouts d’expertise apportés par les spécialistes de chaque domaine, chiffrant ce qu’on va dépenser pour la santé ou pour la justice, pour l’entreprise ou pour le logement, en répartissant par avance les bénéfices d’une croissance à venir qui dépend elle-même de la confiance que « les marchés » voudront bien accorder à tel patchwork d’expertises et de promesses plutôt qu’à tel autre.
Certains croient élever notre participation collective en « interpellant » les candidats et en leur demandant des engagements pour la création de tel enseignement, le soutien de telle activité artistique ou le développement de tel type de traitements.
La « vigilance démocratique » qu’ils prétendent ainsi exercer ne fait que consacrer la démission collective au profit d’une sagesse suprême censée veiller en même temps aux grands enjeux de la planète et à la distribution de chaque centime entre chaque groupe de pression. (...)


Thursday, March 22, 2007

"300" : Remise en perspective

Sur Loubnan ya Loubnan, excellent billet de remise en perspective des réactions que provoque les réactions en Iran sur la sortie du film 300.
(...) Aujourd'hui, le Figaro nous instruit du scandale que 300, le film tiré de la bande dessinée de Frank Miller, provoque à Téhéran. La lecture du quotidien français laisse penser que, vraiment, les censeurs iraniens n'ont que cela à faire: dénoncer le grand Satan parce qu'il vient de traiter leurs ancêtres de ramassis de tapettes. L'homophobie serait ainsi à voir du côté des iraniens (classique invocation de l'homophobie moyen-orientale, les Occidentaux étant eux notoirement gay-friendly depuis qu'ils ont inven la philosophie des Lumières). (...)

La suite est encore plus intéressante...

Le militantisme socialiste n'est plus ce qu'il était

Article du Monde : "D'anciens membres de cabinets socialistes prônent une alliance avec Bayrou".
Ces anciens membres signent un appel dans Le Point (sous le pseudonyme collectif des Gracques), et disent vouloir "jeter des passerelles pour que demain un rapprochement soit possible entre Ségolène Royal et François Bayrou". La plupart des membres de ce collectif restent anonymes, mais Le Monde croit savoir qui sont certains : (...) Parmi ces militants socialistes de longue date, de sensibilité delorienne et strauss-kahnienne, figurent notamment, selon nos informations, Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin à Matignon ; Denis Olivennes, PDG de la FNAC ; Bernard Spitz, maître des requêtes au Conseil d'Etat ; Matthieu Pigasse, ancien directeur adjoint du cabinet de Laurent Fabius à Bercy, actuellement associé gérant à la banque Lazard ; Guillaume Hannezo, ancien membre du cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère de l'économie et conseiller économique de François Mitterrand à l'Elysée, qui a été également directeur adjoint de Vivendi Universal ; et Ariane Obolensky, ancienne conseillère au cabinet de Michel Rocard à Matignon et membre du Comité des établissements de crédit et entreprises d'investissement (Cecei). Ils plaident pour "une alliance voulue entre partenaires". (...) [Ca explique pourquoi la gauche quand elle est au pouvoir ne fait pas une politique de gauche - Ceci dit, voter à gauche en 2007 s'impose malgré tout]
Je ne sais pas si certains de vous ont lu le livre de François Cusset, La Décénie, le grand cauchemar des années 1980, mais voilà ce qu'il dit dans son introduction (pdf) à propos du glissement idéologique que la gauche a commencé à opérer à partir du début des années quatre-vingts :
(...) On est passé en effet, en quelques années, de la détestation des puissants à la passion du pouvoir, du non systématique de la contestation au oui extatique de l'assentiment, de la candeur et de l'intransigeance d'un soulèvement imminent aux postures et aux impostures d'un apaisement servile. On est passé du combat égalitariste à l'offensive pure et simple contre l'égalité, de la critique radicale à l'éloge du fait accompli, du conflit permanent au consensus béat (...)
Là, on arrive à la fin de ce processus : pensée tiède et consensus mou, car idéologiquement François Baryou ne fait pas le moindre pas vers la gauche. Le glissement est celui des soit-disant socialistes (je ne dis pas "militants de gauche" car il faut pas abuser non plus) vers la droite, là où Bayrou reste bien enraciné.

Interview de François Cusset dans Libération
Un article dans Télérama

Le livre de François Cusset est à lire absolument, quoiqu'en dise Télérama. :-)

Tuesday, March 20, 2007

L'avenir du net .. l'avenir de la liberté

Communiqué de la Ligue Odébi (05-03-2007 ) : (...) Validation de la loi Sarkozy contre la délinquance par le conseil constitutionnel : La prohibition de la diffusion de vidéos violentes sur internet porte une grave atteinte à la liberté d'expression et d'information
Le conseil constitutionnel a validé la Loi Sarkozy sur la délinquance ce samedi 3 mars.
Cette loi comporte un article prohibant, à hauteur de cinq ans de prison et en dehors de tout lien avec le ou les auteurs de violences, la diffusion de vidéos démontrant ces violences -comme par exemple des violences policières- sur internet par tout citoyen qui ne serait pas journaliste professionnel. Cela fait de la France le pays occidental le plus attentatoire à la liberté d'expression et d'information, en particulier sur internet... [...] ... Elle démontre par ailleurs soit l'ignorance de ses auteurs, soit leur volonté d'instaurer bientôt un régime sécuritaire sans précédent en occident : Les vidéos seront de toutes façons diffusées à l'étranger, et seul le filtrage aux frontières pourrait empêcher leur diffusion en France. D'autre part, l'identification des uploaders nécessiterait l'instauration d'une surveillance totalitaire du net. Donc de deux choses l'une : soit cette loi ne sera pas respectée, soit il faudra l'imposer par des méthodes sécuritaires que les démocraties ne peuvent utiliser. (...)

(Indymedia Nantes)

Selon cette disposition, il sera interdit à un citoyen quelquonque qui a filmé des violences policières, par exemple, de les mettre à la connaissance de tous. Ceci semble être le premier jalon de la mise en place d'un arsenal de lois visant à limiter la liberté d'expression sur le net.

Le partage des rôles entre les Etats et les grosses entreprises de communication parait bien engagé. Les Etats mettent en place des réglementations coercitives qui mettent hors la loi chaque personne voulant s'exprimer librement, et les entreprises prennent le contrôle des contenus dans le but d'installer un modèle televisuel sur le net.



The Big Brother State




Save The Internet



Humanity Lobotomy

Monday, March 19, 2007

"Total Gauche"

Les sondologues pour faire leurs analyses utilisent un pourcentage qu'ils nomment "Total gauche". Ce total gauche représente les pourcentages des intentions de vote du PS et tout ce qui se trouve à sa gauche : PC, LCR, LO, Verts, et Bové. Si ce total ne dépasse pas les 45%, il est impossible (selon les toujours analystes sondologues) pour un candidat de gauche arrivé au second tour de gagner une élection présidentielle. C'est ce qui semble être le cas de Ségolène Royal dans les élections qui se présentent. Soit.
Ce qui est intéressant de noter, c'est que les instituts de sondages classent Bayrou dans le "Total Droite". Il n'y a pas que les sondologues qui font ça, mais les comentateurs politiques aussi font ce même classement.
Cela veut-il dire que les électeurs de gauche séduits par Bayrou sont considérés comme définitivement passés à droite ? Qu'ils vont reporter leurs voix sur Sarkozy ? La France se droitise-t-elle ?
Ce qui est sûr, c'est que Bayrou est bien de droite. Et il est en train de faire passer des vessies pour des lanternes à une bonne partie des électeurs de gauche.

Sunday, March 18, 2007

Un fardeau que l'Europe "civilisée" n'en peut plus de porter

Il s'agit de l'anti-sémitisme et de son aboutissement final, la shoah. Une conférence sur l'anti-sémitisme intitulée «l'héritage hitlérien : l'antisémitisme islamique au Moyen-Orient" à l'université de Leeds a été annulée à cause de pressions de différents groupes musulmans. La raison officielle, c'est "pour raisons de sécurité"(sic).
Le titre de la conférence est parlant. L'anti-sémitisme et l'Hitler, purs produits de l'Occident et d'une certaine chrétienneté deviennent, pour le premier,
islamique, et pour le second un héritage pour les musulmans. Rien de moins que ça. Dans un souci permanent de se refaire une virginité, on ne cesse de vouloir refiler le bébé de l'anti-sémitisme, et pourquoi pas du nazisme, aux musulmans. Au mépris de l'histoire.
Du coup, aucune occasion n'est ratée pour apporter une petite pierre à cette entreprise. Le titre de Libération : "Islam : L'université de Leeds s'autocensure".
Imagine-t-on Libération titrer "
Juifs : des menaces de mort sur Tony Judt et sa famille pour avoir critiqué le lobby israélien" une information donnée dans le Financial Times. Tony Judt, Libération n'en parle même pas.

Suite de mon propos
Un billet que j'ai lu chez Oum Elkheir. Un autre acharnement accompagne ce dont je parle plus haut, c'est ces incessantes lois et résolutions qui sont votées par divers parlements et au sein de différentes organisations contre la négation de la shoah. Comme une envie de faire porter le fardeau à l'ensemble des peuples de la planète. Le génocide juif par les nazis est une horreur européenne et c'est à l'Europe d'en assumer l'héritage. Qu'on cesse de vouloir impliquer le reste du monde.

(...) Vendredi 26 janvier, l’assemblée générale de l’ONU et au cours de sa 61ème session, a adopté, et par consensus, une résolution qui «condamne sans réserve toute négation de l'Holocauste» et exhorte «tous les Etats Membres à rejeter sans réserve toute négation de l'Holocauste en tant qu'événement historique, en tout ou partie, ainsi que toute activité en ce sens». L’Assemblée générale de l’ONU, et à travers cette résolution, s’est félicitée «de l’inclusion par des États Membres dans leurs programmes d’enseignement de mesures visant à s’opposer aux tentatives faites pour dénier l’Holocauste ou en réduire l’importance».
Et voilà comment les vainqueurs ont toujours écrit l’Histoire, à la seule différence que jusque-là, et que je saches, ça n’a jamais fait consensus.
Des lois pour orienter la recherche historique ou au mieux la limiter, c’est la nouvelle tendance des pays pourtant dits démocratiques, déclarés respectueux de la liberté d’expression, de la liberté de pensée et de la recherche. En plus de la part de l’ONU c’est quand même fort !!!! Très très fort !!!!!
Car aujourd’hui encore, on n’a pas lu de résolution, et encore moins par consensus, condamnant le génocide des indiens, ni des africains, ni des aborigènes, oui je sais, c’est très loin tout ça peut-être bien? Que dire alors de celui des algériens ? Des japonais ? Ou plus compromettant pour l’ONU, des bosniaques ? Des rwandais pour la France ? Pourquoi les français me diriez-vous ? A cause bien sur de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance du rôle positif de la présence française dans ses anciennes colonies, et d’une autre loi tout à fait contradictoire, celle du 12 octobre 2006 «tendant à réprimer la contestation de l’existence du génocide arménien», comme si c’était l’affaire de la France en plus.
Est-il nécessaire de préciser ? (oui je crois que c’est nécessaire vu la tendance actuelle et consensuelle) que ce n’est pas pour dénigrer le génocide des juifs d’Europe, ce n’est pas mon propos aujourd’hui. Un génocide reste un génocide, quelle que soit l’identité des victimes, et quel que soit leur nombre. L’horreur est condamnable partout et en toute circonstance. (...)

Identité nationale : Les immigrés doivent-ils être plus royalistes que le roi ?

Nous somme tous des fragments (...). Nous sommes des ébauches. Georg Simmel

Naïf comme je suis, j'ai toujours cru qu'en démocratie, l'égalité entre les personnes était garantie par le droit. Le droit de chaque pays, étant lui-même inspiré de valeurs que partagent les citoyens de ce pays. Par exemple, on énonce comme valeur l'égalité entre l'homme et la femme dans un przmier temps et après on fait des lois qui garantissent cette égalité dans les faits. Souvent, de préférence, il faut que ces lois soient appliquées pour que ça ait un minimum de sens. De tout ça découle un principe de base : l'égalité de tous devant la loi. Je crois qu'en gros, c'est ça.
Cependant, ces derniers temps, Sarkozy a un peu brouillé cette vision. Avec son minsitère de l'immigration et de l'identité nationale et surtout avec les explications qu'il en donne, j'ai été trop bousculé, installé comme j'étais dans ma conception naïve de la démocratie.
La première reflexion qui m'est venue à l'esprit, c'était de me dire que puisqu'il peut exister un ministère de l'identité nationale, il pourrait très bien exister un ministère du calcul et de l'arithmétique ou un ministère de la lecture, et que le ministère de l'éducation nationale pourrait très bien s'appeller ministère des sciences de l'éducation ou ministère de la pédagogie. Tout ça, ça a des airs du noms de ministères soviétiques, n'est-ce pas ?. Car pour moi, la notion d'identité peut être une notion philosophique, anthropologique, psychologique, etc ... Et je dois dire que j'ai été très content de lire ce que Todorov a écrit sur le sujet :
(...) Dans son roman 1984, Orwell décrit plusieurs ministères institués dans le pays totalitaire Océania : le ministère de la vérité, celui de la paix, de l'amour, de l'abondance. Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de la République, vient d'allonger cette liste en promettant de créer, s'il était élu, un "ministère de l'immigration et de l'identité nationale". Orwell précise que les nouveaux ministères sont désignés en "novlangue" par des abréviations : Miniver, Miniamour, et ainsi de suite ; c'est à cette série qu'appartiendrait le nouveau Minident.
Pourquoi jugeons-nous indésirables les ministères imaginés par Orwell ? Non parce que nous sommes contre la vérité ou l'amour. Mais nous pensons que ces grandes catégories ne relèvent pas de l'action gouvernementale. C'est aux scientifiques et aux journalistes qu'il faut laisser la libre recherche de vérité ; c'est à chaque individu de s'occuper de ses affaires amoureuses. Ni le gouvernement ni le Parlement n'ont à s'en mêler. C'est en cela que notre démocratie est libérale : l'Etat ne contrôle pas entièrement la société civile ; à l'intérieur de certaines limites, chaque individu reste libre. Il en va ainsi de l'identité nationale : ce n'est pas un hasard si, pour l'instant, aucune démocratie libérale n'a confié sa protection à un ministère. (...)
Comment Sarkozy explicite-il tout ça ? En répétant qu'il n'y a pas de place pour ceux qui ne respectent pas (sic) les valeurs nationales. Et il précise de qui il veut parler : ceux qui égorgent les moutons dans les salles de bains, ceux qui excisent, ceux qui sont polygames, ceux qui marient les filles de force, etc... Etonnant n'est-ce pas ? C'est très ciblé comme sources de menaces sur les valeurx républicaines. Au passage, il a oublié les patrons qui paient les femmes 25% de moins que les hommes. Il oublié de parler qu'une femme meurt tous les trois jours en France du fait de violences conjugales (ou croit-il que c'est du seul fait des musulmans). Mais dans mon raisonnement je n'oublie pas ma conception naïve de la démocratie et de l'état de droit. Polygamie par exemple : Est-ce qu'il existe en France une loi qui interdit à un homme de ocucher avec plus d'une femme et de lui faire des enfants ? A ma connaissance, non. La seule loi qui existe est celle de la monogamie. On ne peut pas se marier administrativement avec deux femmes (ou avec deux hommes). Mais le reste, chacun est libre d'avoir autant de partenaires qu'il veut. Est-ce qu'il y a une loi qui interdit à un homme de vivre sous le même toit que trois ou quatres femmes avec qui il couche ( ou la même chose pour une femme) ? J'en ai pas connaissance.
L'Etat puni à partir du moment ou la loi n'est pas respecté. La justice ets rendue au nom de la loi ( de l'article xxx du code machin... ) et par au nom des valeurs. Il y a des milliers de français qui pensent que les hommes sont supérieurs aux femmes, et qu'ils doivent gagner plus, et pourtat il y a aucune loi qui peut les punir. Et la loi est la même pour tous : nationaux et immigrés. Comment il va faire Sarkozy pour obliger les immigrés à respecter les valeurs, puisque des français ne les respectent pas ? Les immigrés doivent respecter la loi, tout comme les français d'ailleurs. Il est interdit d'égorger un mouton dans la salle de bain, au nom de la loi (hygiène, santé, etc..) et pas au nom d'une valeur.

Bien sûr, j'ai aussi pensé au concept d'identité. J'ai eu à l'esprit l'identité narrative de Paul Ricoeur :
(...) Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Toute réflexion individuelle ou collective sur cette question semble vouée à produire une antinomie. D'un côté, l'identité personnelle (le cher Moi) ou collective (par exemple la Nation) semble si profondément inscrite en nous qu'elle ne paraît souffrir aucune discussion. Mais, dès lors qu'on tente de lui donner un contenu, c'est l'impasse ; toute définition paraît réductrice, infidèle ou exclusive : le cher Moi devient égoïsme ou mauvaise foi ; l'appartenance nationale devient nationalisme, voire chauvinisme. Bref, l'identité est soit trahie, soit néfaste quand on tente de l'identifier. D'où une seconde attitude possible : le scepticisme. Ce moi profond, pourtant si évident et si intime, est en réalité opaque et inconnu. N'est-ce pas une illusion ? Mais comment pourrais-je y renoncer ?
Cet affrontement entre un dogmatisme du moi, bien fâcheux, et un complet scepticisme, bien difficile à tenir, a traversé toute l'histoire de la pensée. Héraclite y voyait la tâche même de la philosophie : « Je me suis cherché moi-même », écrivait-il, avant le fameux « Connais-toi toi-même » socratique et l'interpellation inquiète de saint Augustin dans ses « Confessions » : « Que suis-je, mon Dieu ? » Cette interrogation trouve de nos jours une urgence plus grande et peut-être plus décisive : dans nos sociétés individualistes, en effet, l'exigence d'être soi-même est devenue plus impérative que jamais. Be yourself ! Sans doute ; encore faut-il savoir quel est ce moi que l'on doit être.

La notion d'identité narrative que thématise Paul Ricoeur représente une solution élégante et réellement profonde à cette cruciale perplexité. On peut la résumer en une formule : « Je suis ce que je me raconte. » Qu'apporte le récit à ce problème ? Beaucoup, en vérité. D'abord, il nous sort d'une conception fixiste ou figée de l'identité : celle-ci n'est ni totalement à découvrir (comme une chose pré-donnée) ni seulement à inventer (comme un artifice), elle réside dans un mélange de détermination, de hasard et de choix, de mémoire, de rencontres et de projets. Le récit a cette vertu de remettre tous ces éléments en mouvement et en relation afin d'en faire une trame. Ensuite, un récit ne se contente pas en réalité de raconter des faits. Il les interprète, les argumente, les reconstruit. Il sélectionne et travaille les moments pour en faire une histoire qui a un sens et une efficacité. (...)

Suivons aussi ce que dit Todorov sur la proposition de Sarkozy : (...) Qu'entend-on par cette formule : "identité nationale" ? Il faut rappeler que, non exceptionnellement, mais partout et toujours, il s'agit d'une identité mouvante, en constante évolution. Seules les nations mortes ont acquis une identité immuable. La société française de 2007 n'a que peu de traits communs avec celle de 1907, et encore moins avec celle de 1707. Si l'identité ne devait pas changer, la France ne serait pas devenue chrétienne, dans un premier temps ; laïque, dans un deuxième.
L'identité évolue, d'abord, parce que les intérêts des groupes qui la composent ne coïncident pas entre eux, et que ces intérêts forment des hiérarchies instables. Par exemple, l'octroi du droit de vote aux femmes en 1944 leur a permis de participer activement à la vie publique du pays : l'identité nationale en a été transformée. De même lorsque, vingt-trois ans plus tard, les femmes ont obtenu le droit à la contraception : cela a entraîné une nouvelle mutation de l'identité nationale.
Celle-ci évolue aussi en raison du contact avec d'autres populations : américanisation des moeurs, européanisation des institutions, ou encore, aujourd'hui, présence de minorités significatives venues du Maghreb, d'Afrique noire, d'Europe de l'Est ou d'ailleurs. Les migrations n'ont, elles non plus, rien d'exceptionnel, puisqu'on sait qu'un Français sur quatre a un parent ou un grand-parent immigré. Or, en proposant un ministère traitant ensemble de l'identité nationale et de l'immigration, le candidat à la présidentielle suggère un rapport négatif entre les deux : l'immigration est ce dont il faut protéger l'identité française. (...)

En lisant ça, on se rend vite compte de la bêtise de la chose. Mais n'empêche, il faut caresser le peuple dans le sens du poil. Après les réactions suscitées contre son projet, Nicolas Sarkozy et son équipe avaient envisagé changer la dénomination en "Ministère de l'immigration et de l'identité républicaine" je crois. Cette nouvelle appellation devait être annoncée lors du meeting du candidat UMP à Caen (jeudi dernier). Ca figurait même sur le texte du discours. Mais voilà quelques heures avant un sondage sort : "55% des français se déclarent favorable à un ministère de l'identité nationale". Du coup, aucun mot du "Ministère de l'immigration et de l'identité républicaine" dans le discours de Sarkozy à Caen. Populisme vous avez dit ?

Une étude faite il y a quelques mois a montré que presque 60% (je ne sais pas si c'est le pourcentage exact) des français se déclaraient "racistes ou un peu racistes". Il y a bien en France des lois qui punissent le racisme. Ces lois sont bien sûr inspirées des valeurs républicaines de la France, pays des droits de l'homme. Sarkozy envisage-t-il de faire traduire 60% des français devant les tribunaux ? Si maintenant, un immigré déclare que sa fille n'a pas le droit de choisir son mari, va-t-il être traduit en justice ? Si c'est oui, les 60% de français qui se déclarent racistes doivent l'être aussi.
Je laisse Todorov conclure :
(...) Ce n'est pas parce qu'elle est contraire à l'identité française que la soumission des femmes est condamnable. C'est parce qu'elle transgresse les lois ou les principes constitutionnels en vigueur. L'identité nationale, elle, échappe aux lois, elle se fait et défait quotidiennement par l'action de millions d'individus habitant ce pays, la France.(...)

Ca craint en France en 2007 pour de vrai.

Tuesday, March 06, 2007

A Israèl tu prêteras allégeance, sinon président tu ne seras point

Le premier commandement pour se faire élire président des Etats-Unis : Prêter serment de servir Israèl. En fait c'est la condition absolue pour se faire élire. Et on peut même être Barak Obama, paré (que l'on voudrait parer) de toutes les vertus, si tu ne vas pas t'agenouiller devant l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), il vaut mieux économiser les sous d'une campagne électorale qui ne donnera aucun résultat.
Le seul président américain qui peut aller contre Israèl, c'est un ex-président. Et encore. Jamais un futur président.
En février Fox News a commencé une série d'attaques ciblées sur Baraka Obama qui incarne aux yeux de cette chaine de télévision le pire mal qui puisse arriver à l'amérique WASP. ILs ont même été jusqu'à trouver qu'Obama a été scolarisé dans une madrassa (école religieuse musulmane). Vidéo ci-dessous.



Fox News avait tort de s'inquiéter. Quelques jours plus tard, Obama passe son test devant l'AIPAC avec mention "excellent".
(...)
Israel is "our strongest ally in the region and its only established democracy," Obama said, assuring his audience that "we must preserve our total commitment to our unique defense relationship with Israel by fully funding military assistance and continuing work on the Arrow and related missile defense programs." Such advanced multi-billion dollar systems he asserted, would help Israel "deter missile attacks from as far as Tehran and as close as Gaza." As if the starved, besieged and traumatized population of Gaza are about to develop intercontinental ballistic missiles.
Obama offered not a single word of criticism of Israel, of its relentless settlement and wall construction, of the closures that make life unlivable for millions of Palestinians.
There was no comfort for the hundreds of thousands of people in Gaza who live in the dark, or the patients who cannot get dialysis, because of what Israeli human rights group B'Tselem termed "one cold, calculated decision, made by Israel's prime minister, defense minister, and IDF chief of staff" last summer to bomb the only power plant in Gaza," a decision that "had nothing to do with the attempts to achieve [the] release [of a captured soldier] nor any other military need." It was a gratuitous war crime, one of many condemned by human rights organizations, against an occupied civilian population who under the Fourth Geneva Convention Israel is obligated to protect. (...)
How Barak Obama Learned To Love Israèl - Lire le reste...


John Edwards, un autre candidat, refuse de parler de la bombe israélienne



La transcription de l'interview sur alternet. Edwards s'en sort très bien je trouve. Il passera le test AIPAC avec brio.

Pour finir un petit quiz de chez Lawrence of Cyberia (Via Mohsen) :
Q - What do you call a country whose military and paramilitary forces operate in accordance with the rule of law?
A - A Democracy.
Q - And what do you call it when such forces operate with impunity in defiance of their own country's laws?
A - Well obviously, we would call that "The Only Democracy In The Middle East".

Tariq Ali et George Galloway

Rien que pour la limpidité des propos de ces deux hommes : Tariq Ali et George Galloway.

Part 1

Part 2

Part 3

(Via Lenin's Tomb)


George Galloway, répondant à l'intervention de la ministre des affaires étrangères anglaise. Cinglant ! (Via Mohsen)

Monday, March 05, 2007

Between The Bars

Madeleine Peyroux qui chante divinement bien cette chanson


Elliott Smith, auteur de la chanson originale


Drink up one more time
And I'll make you mine
And keep you apart
Deep in my heart
Separate from the rest
Where I like you the best
Keep the things you forgot

Sunday, March 04, 2007

Le grand écart de la presse algérienne

Comment la presse algérienne arrive-t-elle à concillier sa dénonciation (même molle) du pouvoir en Algérie, son accaparation par les clans de l'armée, à dénoncer l'autoritarisme aigu du président Bouteflika, à dénoncer la mainmise d'une mafia politico-financière sur les énormes richesses naturelles sur pays, à dénoncer la corruption qui gangrène l'Etat jusqu'au sommet jusqu'à devenir la seule façon de faire marcher les choses, dénoncer (brutalité, arbitraire, torture, enlèvements, disparitions, et exécutions sommaires) la façon dont les militaires ont mené la "lutte anti-terroriste" - , dénoncer la mise au pas et au silence de la presse par le pouvoir, et en même accueillir avec un optimiste béat la coopération de ce régime avec l'administrtaion Bush. Comment la presse peut-elle applaudir des deux mains, sans réserve, sans nuance et sans aucun recul, le resserement des liens au plus haut niveau entre les militaires algériens et les militaires américains.
Ces derniers jours, visite en Algérie de Karen Hughes, sous-secrétaire d'Etat à la diplomatie publique - en fait secrétaire d'Etat à la propagande - et la presse y va encore de sa couverture plus qu'approbatrice de cette visite et des objectifs déclarés de cette visite.
Lors de la visite des différents hauts responsable américains en Algérie, leurs déclarations sont reprises telles qu'elles quasiment comme des paroles d'évangiles. Quand Karen Hughes déclare que "Les leçons à tirer de l’expérience algérienne dans la lutte antiterroriste sont très importantes pour nous". C'est ainsi que le journaliste d'El-Watan débute son article sur le sujet. Que fait le journaliste quand elle nous parle de biographie de Karen Hughes ? Elle prend l'officielle, celle diffusée par le département d'Etat. Pourquoi se casser la tête, n'est-ce pas ? Il y a une plus édifiante pourtant.

L'article de Liberté a comme lead : "En visite en Algérie, Karen Hughes a été accueilli par le ministre Mohamed Bedjaoui avec qui elle a abordé les questions de coopération entre Alger et Washington dans la lutte contre le terrorisme.".

Le plus édifiant, c'est l'éditorial (25 Février 2007) de Liberté :
(...) Aujourd’hui, si la communauté internationale sollicite la coopération d’Alger dans la guerre contre le terrorisme international, c’est tout simplement parce que l’expérience acquise par l’Algérie dans ce domaine demeure un cas d’école.(...)
Dans une situation normale, en dehors de cette amnésie (volontaire) qui frappe la presse algérienne quand elle se trouve devant des responsables américains, la question sur la lutte contre le terrorisme en Algérie ferait vite ressortir des questions que tout algérien se pose : la question de la torture, la question des enlèvements, des disparitions, des exécutions sommaires, et des multiples zones d'ombres qui restent concernant l'implication des forces de sécurité ou du moins leur passivité dans les massacres. Se pose aussi d'emblée la question de la "propreté' d'une lutte contre le terrorisme menée par les militaires algériens, c'est à dire par un pouvoir coorrompu,rapace et dictatorial. Comment est-ce possible que des journalistes (que les journalistes à l'unanimité presque) puisse se montrer "fiers" de l'expérience algérienne en matière de lutte enti-terroriste et "fiers" que cette expérience puisse intéresser le pire gouvernement qui puisse exister dans le monde, à savoir les Etats Unis. Un état qui vient de légaliser la torture.


C'est quoi la lutte contre le terrorisme ?
L'expression "lutte contre le terrorisme" ne recouvre pas du tout les mêmes choses en Algérie et aux Etats Unis. Pour les algériens, les terroristes c'est ceux qui tuent des innocents, qui tuent des journalistes juste parce qu'ils sont journalistes, qui tuent des intellectuels juste parce qu'ils pensent, des bergers parce qu'ils n'ont pas pris position, qui éventrent des femmes enceintes, qui égorgent des pères et des mères devant leurs enfants, qui tuent de simples citoyens juste parce qu'ils ne veulent pas les soutenir. Pour les américains, les resistants en Palestine c'est des terroristes, les résistants en Irak c'est des terroristes, les résistants au Liban c'est des terroristes. Pour les américains quand Israel lance sa cmpagne d'agression contre le sud-Liban, ca rentre dans le cadre de la lutte anti-terroriste. La chef de Karen Hughes, c'est à dire Rice a déclaré lors de la guerre contre le Liban qu'il fallait pas de cessez le feu tout de suite car Israel fait un travail (lutte contre le terrorisme - Hezbollah) qu'il faut faire. Le nettoyage ethnique qu'opère Israel à Gaza et la construction du mur en Cisjordanie font aussi partie de la lutte anti-terroriste qu'Israel mène avec le soutien total des Etats Unis. Comment font ces journalistes pour en même temps être un soutien à la cause palestinienne et au Liban, dénoncer le terrorisme d'Israel, et en même temps bénir la coopération algéro-américaine dans la lutre anti-terroriste. Coopérer avec le plus anti-arabe et le plus anti-musulman des gouvernements US.

La presse algérienne et la visite de Rumsfeld en Algérie
En février 2006, Donald Rumsfeld a effectué une visite an Algérie, toujours dans le cadre de la coopértaion militaire entre les deux pays et bien sûr la lutte antiterroriste. Aucun journal algérien n'a dénoncé cette visite, malgré tout ce qui a été révélé sur le sinistre personnage de Rumsfeld et sa politique de torture en Irak. Rumsfeld est un artisan majeur et responsable parmi les premiers du cauchemar dans lequel est plongé l'Irak, de la mort de centaines de milliers d'irakiens, du pillage des ressources de tout un peuple, et pas un mot de tout ça dans toute la presse algérienne. Bien au contraire, les articles étaient d'un élogieux sans faille. Ah vous vous rendez compte, même le secrétiare d'Etat de la première puisance mondiale s'interesse à "notre expérience de lutte anti-terroriste" et veut coopérer avec notre armée.

Sarkozy vs. Rumsfeld
En décembre dernier, Nicolas Sarkozy effectua une visite de deux jours en Algérie, voiçi ce qu'écrivait Fayçal Métaoui dans El Watan le 13 novembre 2006, dans un article intitulé "
« La racaille » et le démago" : (je cite en longueur)
(...) Lorsqu’il avait prononcé l’insultant « racaille » à propos de la jeunesse en colère des banlieues défavorisées, des voix s’étaient élevées pour dénoncer un discours qui rappelle la culture raciste de l’extrême droite. Ministre au gouvernement de Villepin, Azouz Beggag, sociologue et écrivain d’origine algérienne, a invité son collègue à plus de retenue. Sans rougir, Sarkozy a invité Beggag à « se la fermer ». « Parce qu’un sous-ministre issu de l’immigration, Azouz Beggag, osait s’interroger sur l’inadéquation de cette injure (“racaille”, ndlr), une véritable meute de loups sarkozystes, la bave aux lèvres, se sont rués sur la “crapule”, pour le déchiqueter tous crocs dehors », écrit l’éditorialiste de Marianne, l’un des rares hebdomadaires à oser « la critique » du surmédiatisé ministre de l’Intérieur. Ministre qui, au mépris des standards internationaux des droits humains, a déclaré que les mineurs multirécidivistes, de 16 à 18 ans, devaient être punis « comme s’ils étaient majeurs ! » Aux jeunes de l’UMP, Sarkozy tient ce discours chocolaté : « La jeunesse ne doit jamais s’avouer vaincue (…) La France a besoin des rêves et des désirs de sa jeunesse. » « Y a comme un goût de démago dans la bouche de Sarko », chante la rappeuse Diam’s. C’est que le milieu artistique a plus d’audace à affronter « le système Sarko » et a rappelé que le policier en chef avait promis de « nettoyer » les cités black-beur au « Kärcher ». Dans La Face karchée de Sarkozy, publié récemment aux éditions Vents d’ouest - Fayard, Philippe Cohen, Richard Malka et Riss dressent le portrait de l’homme : « Un véritable personnage de BD. » L’élimination féroce de ses rivaux y est évoquée. Tout le monde le sait : Sarkozy, en avocat rusé, n’a pas hésité un seul instant à passer d’un camp à l’autre, à monter les uns contre les autres, à changer d’amis comme on change de chemises... Charles Pasqua, Edouar Balladur, Jacques Chirac, Alain Juppé, Dominique de Villepin, tout le monde est passé. Pis, Nicolas Sarkozy n’hésite pas à mettre en difficulté la politique extérieure de son pays. (...)
(...) Il a critiqué l’attitude « arrogante » de la France par rapport à l’engagement des forces US en Irak. En visite aux Etats-Unis, il a déclaré : « Jamais on ne doit chercher à mettre ses alliés dans l’embarras. On ne doit jamais donner l’impression de se réjouir des difficultés de nos alliés », avait-il lancé (...)
(...) Sarkozy aime l’Amérique. Ses arguments : « Un pays avec lequel nous avons lutté pour éradiquer le nazisme et avec lequel nous luttons aujourd’hui pour vaincre le terrorisme international », a-t-il confié au quotidien Le Monde (...)
(...) L’effondrement récent du parti républicain, le parti de George W. Bush, lors des récentes élections de Mid-term, son camp naturel, n’a pas suscité en lui une réaction. (...)
(...) Il estime que le programme nucléaire de l’Iran est un danger, qu’Israël à « le droit » de se défendre lorsque l’Etat hébreu avait attaqué le Liban. (...)

Voilà ce qu'écrivait le même Fayçal Métaoui le 7 novembre 2006 (cinq jours avant la visite de Sarkozy) cette fois-çi concernant la visite du sous-secrétaire d'Etat US à la défense, dans un article intitulé : "Le nucléaire algérien ne pose pas de problème".
En lead :(...)
Les Etats-Unis ne veulent pas installer des bases militaires ni en Algérie ni dans toute la région, Sahel y compris. C’est ce qu’a annoncé, hier, lors d’un point de presse à la résidence de l’ambassadeur américain à Alger, Peter W. Rodman, secrétaire adjoint à la Défense pour la sécurité internationale, en visite de 48 heures en Algérie.(...)
Puis (...) « Nous voulons augmenter les capacités des forces locales, pas ouvrir des bases », a-t-il déclaré. Selon lui, le Pentagone réfléchit à créer un commandement des forces américaines en Afrique, à l’image de l’Eucom de Stuttgart pour l’Europe, mais aucune décision n’a été prise encore pour concrétiser le projet. Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense, a chargé des experts pour plancher sur le dossier. Peter W. Rodman, venu à Alger accompagné d’experts, a coprésidé avec le général-major Ahmed Senhadji, secrétaire général du ministère de la Défense nationale, la deuxième réunion du Dialogue militaire conjoint (Joint Military Dialogue, JMD), après celle de Washington en 2005.(...)
(...) Le MDN, dans un communiqué rendu public, a évoqué ce « dialogue conjoint » sans en détailler la teneur. De quoi s’agit-il ? « Nous évoquons les exercices militaires communs, les échanges d’informations, les achats d’équipements militaires, les échanges d’officiers. C’est également une occasion d’évoquer les intérêts stratégiques des deux pays et d’échanger nos points de vue sur la situation au Moyen-Orient », a précisé Peter W. Rodman qui, par le passé, fut vice-président du Conseil national de sécurité des Etats-Unis. S’il ne veut parler des détails techniques, l’adjoint de Donald Rumsfeld a reconnu la disponibilité de son pays à vendre des équipements militaires mais cela se fera d’une manière graduelle. « Les procédures à Washington sont compliquées. Il y a une législation du Congrès à respecter avant de prendre toute décision de vente », a indiqué Peter W.Rodman (...)
(...) Peter W. Rodman a préféré rappeler la position officielle de Washington, celle de n’opposer aucun refus au développement de l’énergie nucléaire civile. « C’est ce que nous avons dit aux Iraniens. Nous n’avons aucun problème avec des pays qui respectent leurs engagements internationaux et qui ne développent pas des programmes atomiques dans le secret. Cela ne concerne pas l’Algérie. Nous craignons que l’attitude de l’Iran encourage d’autres pays à engager des projets similaires. Il y a risque de prolifération », a-t-il déclaré (...)
(...) « Pour mon gouvernement, la lutte contre le terrorisme n’est pas une guerre américaine contre l’Islam. C’est une lutte des peuples civilisés contre les fondamentalistes. Les Etats-Unis sont fiers d’avoir des pays amis dans le monde arabe qui coopèrent dans cette lutte. Et les pays arabes sont dans la ligne de front dans ce combat », a-t-il ajouté (...) ...(...) La venue de Peter W. Rodman à Alger est la deuxième, en importance, après celle de Donald Rumsfeld en février 2006. (...)


On peut remarquer que le journaliste rapelle deux fois que Rodman est le numéro deux du Pentagone et à la fin il rappelle le caractère important de cette visite (après celle de Rumsfled) comme s'il voulait souligner la fierté que les algériens doivent ressentir d'attirer ainsi l'attention des plus hauts reponsables US. Le fait que ce soient des assassins et des tortionnaires n'a pas d'importance. Seule compte le statut d'hyperpuisance des USA.
Encore mieux, on peut l'article de Fayçal Métaoui lors de la visite de Rumsfeld en Algérie. Il n'est pas intitulé "Le terroriste et le tortionnaire". Dommage car on peut reprocher tout ce que reproche Métaoui à Sarkozy, ce qui peut être reproché à Rumsfeld est hors catégorie : Assassin, tortionnaire, voleur, menteur, etc ... Et le pire c'est que Métaoui reproche à Sarkozy sa défense de la politique de Bush, c'est à dire celle de Rumsfeld.

C'est ironique que Métaoui ose saluer "le rare média en France qui ose critiquer Sarkozy" (sic), alors qu'aucun média en Algérie n'ose critiquer la visite de Rumsfled en Algérie et la coopération entre le régime algérien et les terroristes de la Maison Blanche. Encore moins Métaoui.

Métaoui, qui boit les paroles de Rodman comme du petit lait et béni la visite de Rumsfeld ose aussi critiquer la position atlantiste de Sarkozy, position qui est finalement la position naturelle d'une certaine droite atlantiste en France. Critiquer Sarkozy qui soutient le droit d'Israèl à se défendre (éréfence à l'agression contre le Liban en été 2006), alors que l'on s'applatit devant Rodman, sous-secrétaire d'Etat à la Défense d'un pays qui a mis en place un gigantesque pont aérien pour approvisionner Israel en armes, et des plus sophistiquées, pendant cette même guerre contre le Liban, il faut oser le faire. Il ose même reprocher à Sarkozy de déclarer que les Etats Unis ets un pays avec lequel la France coopère dans la lutte anti-terroriste. Que fait Rumsfeld en Algérie ya si Metaoui ? Donner ce genre de leçons à Sarkozy, quel culot !!
Comment un journaliste un peu sérieux et professionnel peut-il une seconde reproduire une déclaration comme "
Le nucléaire algérien ne pose pas de problème" sans rappeller tous les revirements effectués par les Etats-Unis contre leurs anciens alliés. Le nucléaire iranien aussi ne posait pas de problème quand l'Iran était une dictature (au temps du Shah) alliée aux USA. Saddam, son armement, sa supérmatie militaire et le fait de gazer les kurdes ne posaient pas non plus de problèmes quand l'Irak était utilisé pour faire la guerre à l'Iran et qu'il ne voulait pas s'affirmer indépendant.
Quelques fois, le fait de reproduire les paroles sans les questionner mène au ridicule. Le ministre algérien des Affaires étrangères vient de déclarer, justement à l'occasion de la visite de Karen Hughes que le gouvernement algérien était contre l'implantation de base militaires en Algérie, que c'était une question de souverainté. Alors que Fayçal Métaoui dans son article nous servait les paroles de Rodman comme ça sans nullement les remettre en question : "
Les Etats-Unis ne veulent pas installer des bases militaires ni en Algérie ni dans toute la région, Sahel y compris". Concernant l'Iran, Karl Rove, l'ancien conseiller de Bush (son éminence grise) a déclaré récemment que les USA avait reçu des offres de négociation de la part de l'Iran en 2003 et que les néo-cons de la Maison-Blanche les avaient refusé. Mais bon, en Algérie on préfère croire les paroles de tortionnaires.
Le même Métaoui écrit (en
juillet 2006) pourtant un article sur la torture qui serait toujours existante en Algérie dans le cadre de la lutte anti-terroriste, commentant un rapport d'Amnesty International.

L'exemple de Fayçla Métaoui, qui est quand même rédacteur en chef à El Watan, n'est pas le seul, mais il est très révélateur. Il se trouve que c'est la lecture de ses deux articles (du 7 novembre et du 11 novembre 2006 sur Rodman et Sarkozy) qui font que je le cite en exemple. La lecture des articles sur la visite récente de Karen Hughes m'ont décidé finalement à écrire tout ça.
Y'en a marre de tous ces démocrates et esprits soit-disant indépendants auto-proclamés

Le prochain journaliste que me parlera de presse indépendante en Algérie, je le bloggue. lol